10 décembre 2025 — Dans un tournant inattendu et lourd de conséquences, Khaled Mechaal, figure historique et l’une des voix les plus influentes du Hamas à l’étranger, a annoncé une proposition sans précédent : le mouvement islamiste est prêt à « stocker » ou « geler » ses armes en échange d’une trêve longue allant de cinq à dix ans, accompagnée de garanties internationales solides, marquant ainsi une première depuis le début de la guerre en octobre 2023 et un geste calculé, loin d’un véritable désarmement.
Mechaal a tenu à être clair : « Un désarmement total est inacceptable », répétant cette position plusieurs fois pour verrouiller sa ligne rouge : les armes ne seraient pas rendues, mais simplement placées hors d’usage pendant la durée de la trêve, sous un mécanisme de « stockage supervisé », ce qui permet au Hamas de conserver la clé tout en laissant les observateurs internationaux vérifier qu’il ne l’ouvre pas.
Le second geste d’ouverture est tout aussi significatif : pour la première fois, le Hamas accepte la présence d’une force internationale de maintien de la paix, mais uniquement sur la ligne frontalière et jamais à l’intérieur de Gaza, suivant un modèle proche de la FINUL au Liban, avec surveillance et contrôle, mais sans ingérence directe.
Ce revirement intervient dans un contexte particulier : le Hamas est épuisé militairement après des pertes importantes et la destruction de tunnels, financièrement avec une machine logistique au ralenti, et sous une pression diplomatique intense des médiateurs qataris et égyptiens, tandis qu’un hiver particulièrement rigoureux frappe Gaza, incitant même les bastions pro-Hamas à réclamer un répit. De plus, la première phase du plan Trump, consistant à échanger les otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, a presque entièrement abouti, ouvrant théoriquement la voie à la phase 2, qui prévoit le retrait israélien et la stabilisation de l’enclave.
Côté israélien, la réponse reste glaciale : Benjamin Netanyahu maintient que la guerre ne s’arrêtera qu’avec « le désarmement total et la fin du Hamas comme force militaire », jugeant ainsi l’offre de Mechaal insuffisante. Toutefois, dans les couloirs diplomatiques de Washington, Doha et du Caire, l’idée d’un « gel vérifiable » même temporaire commence à circuler comme la formule de compromis capable de sauver l’étape suivante du plan Trump.
Tout dépend maintenant de l’interprétation : certains y voient un véritable assouplissement du Hamas pour la première fois depuis deux ans, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’une pause stratégique destinée à reconstruire ses forces dans l’ombre. Mechaal, de son côté, insiste sur le caractère « réversible » du stockage : en cas de rupture de la trêve, le Hamas pourrait reprendre les armes à tout moment.
Le sort de cette proposition repose désormais sur trois capitales : Washington, où se joue la survie du plan Trump ; Jérusalem, où la classe politique reste profondément divisée sur les concessions possibles ; et Doha, où réside Mechaal et où se mène la diplomatie la plus active. À Gaza, dans les camps de Jabalia et de Rafah, des milliers de familles épuisées par deux hivers de guerre retiennent leur souffle, espérant que cette offre devienne plus qu’une simple déclaration télévisée.
L’histoire a appris à la région à rester prudente, mais pour la première fois depuis 2023, un dirigeant du Hamas parle d’armes au placard et non de « jihad jusqu’à la victoire totale », un simple mot suffisant pour créer un frémissement d’espoir.

























