Beyrouth, le 21 décembre 2025 – Dans une interview exclusive accordée à notre journal, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a confirmé que la première phase du plan national de consolidation des armes sous l’autorité exclusive de l’État, concernant la région au sud du fleuve Litani, est « à quelques jours seulement de son achèvement complet ». « Nous respectons scrupuleusement les délais fixés, et l’armée libanaise, avec le soutien de la Finul, a accompli un travail remarquable malgré les défis persistants », a déclaré M. Salam, soulignant que cette étape sera bouclée d’ici la fin de l’année 2025, conformément aux engagements pris dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu fin 2024.
Le chef du gouvernement a révélé que l’État est déjà prêt à lancer la deuxième phase du plan, qui portera précisément sur les régions situées entre le Litani et l’Awali, au nord du Litani. « Cette phase vise à étendre l’autorité de l’État de manière progressive et méthodique, en coordination avec l’armée libanaise qui a élaboré un plan détaillé sur instruction du gouvernement », a-t-il expliqué. Interrogé sur le calendrier, Nawaf Salam a indiqué que le Conseil des ministres se réunira début janvier pour évaluer les résultats de la première phase et approuver officiellement le lancement de la seconde, sans toutefois préciser de date exacte pour éviter toute pression inutile sur les forces armées.
Dans un ton mesuré mais ferme, le Premier ministre a détaillé les étapes ultérieures du plan global, conçu en cinq phases pour couvrir l’ensemble du territoire national. La troisième phase concernera Beyrouth et la région du Mont-Liban, où se concentrent de nombreuses infrastructures sensibles. Elle sera suivie d’une quatrième phase dédiée à la Békaa, vallée stratégique et historiquement marquée par une présence armée renforcée. Enfin, la cinquième phase s’étendra au reste du pays, y compris le Nord, afin d’assurer un monopole total de l’État sur les armes, conformément à la résolution 1701 de l’ONU et aux principes de souveraineté nationale.
« Ce plan n’est pas une improvisation, mais une feuille de route claire, soutenue par nos partenaires internationaux et élaborée par nos institutions militaires », a insisté Nawaf Salam. Il a rappelé que ce processus s’inscrit dans un contexte plus large de reconstruction et de stabilisation, après les destructions massives subies par le sud du Liban lors du conflit de 2024. Des milliers de déplacés ont déjà pu rentrer chez eux, et l’armée a déployé des efforts considérables pour démanteler les infrastructures militaires non étatiques dans la zone frontalière.
Cependant, l’interview n’a pas éludé les obstacles majeurs. Nawaf Salam a pointé du doigt les résistances persistantes du Hezbollah, qui continue de contester l’extension du désarmement au-delà du Litani, arguant que l’accord de cessez-le-feu ne concerne que la zone sud et conditionnant toute coopération supplémentaire au retrait total des forces israéliennes des points qu’elles occupent encore au sud. « Le Hezbollah maintient que les violations israéliennes du cessez-le-feu – frappes aériennes, survols et présence au sol – justifient leur position », a reconnu le Premier ministre, tout en affirmant que « l’autorité de l’État doit s’imposer partout, sans exception ni conditionnement ».
Le chef du gouvernement a également évoqué les discussions au sein du comité de surveillance du cessez-le-feu, connu sous le nom de « mécanisme », qui réunit des représentants libanais, israéliens, américains, français et onusiens. Lors de la dernière réunion à Naqoura, les échanges ont été tendus, avec des accusations croisées de violations. Le Liban a réitéré ses plaintes contre les incursions israéliennes, tandis qu’Israël exprime son scepticisme quant à l’efficacité du démantèlement au sud du Litani. « Nous appelons à une réciprocité stricte : Israël doit cesser ses violations pour faciliter la suite du processus », a déclaré M. Salam, tout en assurant que Beyrouth ne renoncera pas à ses engagements nationaux.
Sur un plan plus large, Nawaf Salam a insisté sur la nécessité de renforcer la confiance entre l’État et les citoyens, ainsi qu’avec la communauté internationale. « Ce plan n’est pas seulement militaire ; il est le fondement d’une souveraineté retrouvée, essentielle pour la reconstruction économique et la relance du pays », a-t-il conclu. Face à une opinion publique divisée – certains saluant les progrès comme une victoire de l’État central, d’autres craignant une confrontation interne –, le Premier ministre a appelé à l’unité nationale : « Le Liban sort d’une période sombre ; il est temps de tourner la page et de bâtir un État fort pour tous les Libanais, sans distinction confessionnelle ou politique. »

























