Depuis l’arrivée d’Azzedine Arab à la direction sportive de l’ES Sétif, le club emblématique vit une période de turbulences inédites, digne d’un feuilleton ubuesque. Trois entraîneurs contactés – Khaled Benyahia, Paul Put et Mondher Kebaier – ont tous donné leur accord de principe, avant de se rétracter brusquement, laissant les supporters dans l’incertitude la plus totale. Cette saga, qui se poursuit au 6 novembre 2025, expose les failles d’une gouvernance en crise, où les annonces médiatiques précoces se heurtent à des réalités plus sombres.
Le premier épisode concerne Khaled Benyahia. Contacté par le directeur sportif ou ses émissaires, le technicien tunisien accepte initialement, avant de prétexter un « besoin de repos » pour décliner l’offre. Quelques heures plus tard, il rebondit en Libye, signant un contrat avec Al-Ittihad pour 55 000 $ par mois. Puis vient le Belge Paul Put, dont le deal semblait parfaitement conclu. Il se retire finalement pour invoquer un « grave accident de sa fille », soulevant des interrogations sur les véritables raisons de son désistement – d’autant que des rumeurs d’approche persistante circulaient fin octobre. Enfin, Mondher Kebaier, annoncé en grande pompe à la télévision nationale comme futur entraîneur, reste bloqué par la Fédération tunisienne, retenu pour ses engagements avec l’équipe U17. Officiellement retiré le 2 novembre, ce refus définitif accentue le scepticisme autour des négociations menées.
Ces désistements successifs transforment des annonces tonitruantes en humiliations publiques pour le club, ternissant l’image d’une institution historique du football algérien. Dans ce contexte, Toufik Rouabah, entraîneur algérien déjà sous contrat, est contraint d’assurer seul la préparation de l’équipe. Discrédité et insulté par certains supporters et sur les réseaux sociaux, il se retrouve à gérer un rôle d’intérimaire dans un environnement tendu et instable – une nomination confirmée début octobre, mais qui semble plus une rustine qu’une solution durable.
Derrière ce chaos apparent, plusieurs facteurs se combinent : tensions internes entre la direction et certains acteurs du club, finances fragiles qui limitent les garanties offertes aux techniciens étrangers, concurrence pour des contrats plus attractifs ailleurs, et recours à des intermédiaires dont la fiabilité reste incertaine. Des pistes comme José Riveiro (ex-Al Ahly), approché fin octobre avec une offre record, ont elles aussi capoté, le coach espagnol préférant une pause post-licenciement. Le résultat est une succession de « faux accords » qui ternissent l’image de l’ESS et interrogent sur la crédibilité de sa gouvernance sportive, sous la houlette d’Arab depuis juillet.
À quelques jours d’un match crucial contre l’Olympique Akbou,; Arab promet toujours un « coach de dimension », mais sans nom concret à ce jour, le club risque de prolonger ce fiasco. Une réforme profonde s’impose pour éviter que l’Aigle Noir ne perde définitivement ses ailes.


























