Mauritanie: les dessous de la démission du premier ministre, Ould Cheikh Sidiya

Le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani, a nommé Mohamed Ould Bilal nouveau Premier ministre du pays, quelques heures à peine après la démission du gouvernement précédent, qui était impliqué dans une enquête pour corruption présumée. La nomination de Bilal a été annoncée dans un communiqué de la présidence le jeudi 6 août après la démission du Premier ministre Ismail Ould Cheikh Sidiya et de toute son équipe gouvernementale.
Le système politique de la Mauritanie a été pendant des mois secoués par « le lancement d’une enquête parlementaire sur les allégations de corruption contre le gouvernement de l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a démissionné en» Août 2019 après une décennie au pouvoir.
Ould El-Ghazaouani, son proche allié, lui a succédé après avoir remporté les dernières élections présidentielles. Cependant, au bout de peu de temps, Ould Abdel Aziz s’est retrouvé impliqué dans une enquête du Parlement concernant certaines actions illégales, notamment une série d’accords pour des projets pétroliers offshore.
Le mercredi 5 août, les enquêteurs ont soumis un rapport documentant leurs conclusions au procureur. Plusieurs ministres ont été interrogés parce qu’ils étaient soupçonnés d’être impliqués dans des affaires de corruption alors qu’ils servaient dans le gouvernement d’Ould Abdel Aziz.
Avec quelques brèves déclarations aux journalistes, jeudi matin, le Premier ministre Cheikh Sidiya a annoncé qu’il avait remis la démission de son gouvernement au président Ghazouani. Cependant, dans son discours, «l’ancien Premier ministre n’a fourni aucune explication. Quelques heures plus tard, la présidence a annoncé qu’elle avait confié au Bilal la tâche de former un nouveau gouvernement.
Mohamed Ould abdel Aziz était arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État en 2008 et avait été, pendant sa présidence, un allié important des puissances occidentales dans la lutte contre les militants islamistes de la région du Sahel. L’inauguration, en août dernier, du mandat de Ghazouani, ancien général et ministre de la Défense, a marqué le premier transfert pacifique du pouvoir après l’indépendance de la France, en 1960.
La Mauritanie est considérée comme un excellent partenaire dans la lutte contre le terrorisme tant par les États-Unis que par les pays voisins. Grâce aux efforts déployés contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et d’autres entités extrémistes, les autorités de Nouakchott sont en mesure de contrôler leurs frontières de manière assez efficace. Après avoir subi une escalade des activités terroristes à l’intérieur de ses frontières, en 2009, dans les années suivantes, les forces de sécurité locales ont réussi à réprimer la menace, réduisant considérablement les attaques et le travail des organisations extrémistes. Le 8 août 2009, le pays africain a subi son premier attentat suicide, lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser dans la capitale devant l’ambassade de France, blessant 3 personnes.