Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont convenu d’élaborer un cadre juridique, qui constituera la base d’un système de sanctions contre les dirigeants politiques libanais , soupçonnés d’être responsables de l’impasse politique persistante. L’objectif est de faire pression sur les parties concernées pour qu’elles s’engagent à former un nouvel exécutif le plus rapidement possible.
La décision a été annoncée par le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Jopep Borrell, en marge d’une réunion du Conseil entre les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE. Comme précisé, le cadre législatif sera élaboré d’ici la fin juillet, mais les sanctions ne prendront pas effet immédiatement. De plus, il s’agira d’un régime de sanctions «équilibré» qui visera à cibler les «comportements» et non les communautés. « Il semble que les Européens soient plus intéressés par la recherche d’une solution politique que les politiciens libanais eux-mêmes », a déclaré Borrell, confronté à une impasse politique qui caractérise Beyrouth depuis environ onze mois, alors que le cadre économique et social du pays ne cesse de se dégrader.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que le cadre juridique représentera un « instrument de pression » sur les autorités libanaises, appelées à former une équipe gouvernementale capable de mener les réformes nécessaires. « Le Liban est en mode d’autodestruction depuis des mois », rapportait alors Le Drian, évoquant une « situation d’urgence » qui voit la population libanaise en grande difficulté. La France a joué un rôle majeur dans la crise libanaise depuis l’explosion qui a frappé le port de Beyrouth le 4 août 2020, aggravant une situation économique et financière déjà fragile. Au lendemain de l’explosion, le président français, Emmanuel Macron, s’est dit prêt à envoyer de l’aide pour soutenir le Liban, en échange de la formation d’un gouvernement indépendant et non partisan. À ce jour, cependant, un consensus n’a pas encore été atteint entre les partis politiques.
Pour le moment, aucun détail n’a été dévoilé sur les sanctions que l’Union européenne s’apprête à imposer. Habituellement, les mesures comprennent également le gel des avoirs et l’interdiction de circuler. Ceux-ci devraient cibler des individus et des non-institutions, les accusant de corruption, d’entrave aux efforts de renforcement du gouvernement, de violations des droits humains et d’actions financières illégales.