La Libye a organisé, le 16 août 2025, la deuxième phase d’élections municipales visant à renforcer la gouvernance locale dans un pays miné par des tensions politiques et sécuritaires. Malgré une participation remarquable de 71 %, avec près de 162 000 votants, le scrutin a été entaché par des reports, des annulations et des actes de violence, particulièrement dans l’est du pays, sous le contrôle du maréchal Khalifa Haftar.
Ce processus électoral, orchestré par la Haute commission nationale électorale (HNEC), représentait un test crucial pour la démocratie libyenne. Initialement prévu dans 63 municipalités, le vote a mobilisé 380 000 électeurs inscrits, avec une forte présence sécuritaire dans l’ouest, assurée par le ministère de l’Intérieur du gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli. Dans 26 municipalités de l’ouest, les opérations se sont déroulées sans heurts majeurs, témoignant de l’engagement des Libyens pour la gestion locale de leurs communautés. Esraa Abdelmomen, une mère de famille de 36 ans résidant à Tripoli, a souligné l’importance de ces élections pour « confier la gestion des fonds publics à des représentants choisis par les citoyens ».
Cependant, le scrutin a été gravement perturbé dans 27 municipalités, principalement dans l’est et le sud, où les bureaux de vote n’ont pas ouvert. La HNEC a pointé du doigt les directives du gouvernement de l’est, affilié au maréchal Haftar, qui a interrompu sans justification la distribution des cartes électorales ou refusé l’ouverture des bureaux. Ces agissements ont été qualifiés de « violation des droits politiques des citoyens » par la Mission de médiation des Nations unies en Libye (MANUL).
Fin juillet, la HNEC avait déjà suspendu le vote dans 11 villes, dont 10 dans les régions contrôlées par Haftar, en raison d’irrégularités similaires. Ces entraves ont ravivé les tensions entre le gouvernement d’unité nationale de Tripoli, dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah et reconnu par l’ONU, et l’administration parallèle de l’est, soutenue par Haftar.
Dans l’ouest, sept municipalités ont vu leur scrutin reporté au 23 août après des actes de sabotage. À Zawiya, à 45 km de Tripoli, et à Sahel al-Gharbi, des incendies criminels ont détruit du matériel électoral. À Zliten, à 150 km de la capitale, une attaque armée contre les locaux de la HNEC a également perturbé le processus. La MANUL a dénoncé ces « actes criminels » comme une « atteinte grave au processus électoral », visant à priver les citoyens de leur droit de choisir leurs représentants.
Les violences et irrégularités de cette deuxième phase soulignent les obstacles à la consolidation d’un processus démocratique dans un pays marqué par des rivalités politiques et des conflits armés.
La communauté internationale, par la voix de la MANUL, appelle à préserver l’intégrité du processus électoral pour garantir aux citoyens libyens le droit d’exercer leur souveraineté démocratique.