Le président de la Tunisie, Kaïs Saïed, a adopté de nouvelles « dispositions » qui renforcent les pouvoirs présidentiels, au détriment du gouvernement et du Parlement. Parmi les amendements annoncés, « les textes législatifs seront promulgués sous forme de décrets signés par le Président de la République ».
L’Union tunisienne du travail a appelé le président Kaïs Saïed à consulter des experts avant de prendre des décisions et à « ne pas se contenter de consulter ses amis », suite à la décision du président tunisien de prolonger la suspension des travaux du parlement et de lever l’immunité parlementaire de tous ses membres.
Saïed a annoncé, par décret présidentiel, que les pouvoirs du Parlement continueraient d’être gelés, que les députés continueraient à être privés d’immunité, tandis que les salaires et privilèges des membres et présidents du corps législatif cesseraient. Dans le même temps, il a été précisé que les précédentes mesures extraordinaires resteraient en vigueur, comme le préambule de la Constitution, les chapitres 1 et 2 et d’autres dispositions qui n’entrent pas en conflit avec ces mesures. Au contraire, la Commission provisoire chargée de réviser la constitutionnalité des projets de loi a été supprimée et, désormais, le président préparera des projets d’amendements sur les réformes politiques, assisté d’une commission qui sera mise en place par décret présidentiel.
Le chef de l’Etat exercera le pouvoir exécutif « avec l’aide d’un Conseil des ministres, lui-même présidé par un chef de gouvernement ». Or, « le président de la République présidera le Conseil des ministres » et ce sera lui qui accordera au chef du gouvernement la possibilité de le remplacer. Enfin, le Président de la République assumera le commandement général des forces armées, déclarant la guerre et la paix suite à une résolution du Conseil des ministres, et formera, modifiera ou supprimera les ministres et sous-secrétaires d’État, en contrôlant leurs compétences et leurs pouvoirs.
Ces dispositions étaient perçues comme une forme de « présidentialisation » du système hybride envisagé par la Constitution de 2014. Avec le système en place auparavant, la majeure partie du pouvoir exécutif était entre les mains du gouvernement. Les nouvelles mesures annoncées par Saïed font en revanche pencher la balance du côté de la présidence. Ceux-ci sont venus après cela, depuis Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne de 2011, le président a rappelé que les mesures extraordinaires du 25 juillet resteraient en vigueur et qu’un nouveau Premier ministre serait prochainement nommé sur la base de règles « transitoires » qui répondront à la volonté du peuple. A la même occasion, Saïed a également évoqué une nouvelle loi électorale qui rendra « les députés responsables devant l’électorat tunisien », tandis que les dispositions relatives aux droits et libertés, inscrites dans la Constitution, resteront en vigueur.
Pourtant, le chef de l’Etat tunisien avait fait allusion à une réforme du texte constitutionnel adopté en 2014, considéré comme un hybride instable entre régime parlementaire et présidentiel. « Les Constitutions ne sont pas éternelles », a déclaré Saïed.