La Turquie poursuivra « résolument » l’exploration des ressources en hydrocarbures dans l’est de la Méditerranée, a déclaré jeudi le président Recep Tayyip Erdoğan.
Erdoğan a déclaré ces propos lors d’une conférence de presse à Ankara, à la suite de sa rencontre avec Ersin Tatar, Premier ministre de la République turque de Chypre-Nord (TRNC).
Erdoğan a attribué le blâme aux attitudes inconciliables de la partie chypriote grecque à la suite du différend prolongé sur Chypre.
Il a déclaré qu’une solution au problème ne serait possible que si la partie chypriote grecque s’orientait vers « une base de réconciliation sincère et réaliste ».
Le président turc a également averti: « Vous ne pouvez réaliser aucun projet qui ignore la Turquie ou la République turque de Chypre-Nord dans l’est de la Méditerranée ».
« Ceux qui ont déjà tenté de s’emparer de l’île en versant le sang de Chypriotes turcs poursuivent le même objectif par le biais d’attaques politiques et économiques aujourd’hui », a déclaré Erdoğan.
La Turquie a toujours contesté la perforation unilatérale de l’administration chypriote grecque dans l’est de la Méditerranée, affirmant que la RTCN avait également des droits sur les ressources de la région.
Depuis le printemps de cette année, Ankara a envoyé deux navires de forage – Fatih et plus récemment Yavuz – en Méditerranée orientale, affirmant le droit de la Turquie et de la RTCN sur les ressources de la région.
Le premier navire sismique de Turquie, RV Barbaros Hayreddin Paşa, acheté en 2013, mène des explorations en Méditerranée depuis avril 2017.
Athènes et les Chypriotes grecs se sont opposés à cette mesure, menaçant d’arrêter les équipages des navires et obtenant l’appui des dirigeants de l’Union européenne (UE) pour joindre leurs critiques.
En 1974, après un coup d’État évoquant l’annexion de Chypre par la Grèce, Ankara dut intervenir en tant que puissance garante. En 1983, la RTCN a été fondée.
Les décennies qui ont suivi ont vu plusieurs tentatives de résolution du conflit et toutes ont abouti à un échec. Ce dernier, réalisé avec la participation des pays garants – la Turquie, la Grèce et le Royaume-Uni – s’est terminé en 2017 en Suisse.
Erdoğan a poursuivi en affirmant que c’était une « honte » de la part de l’Union européenne que ce dernier se range du côté des Chypriotes grecs, qui n’ont tenu aucune des promesses qu’ils ont faites à l’ONU et à la communauté internationale.
Le président turc a critiqué l’UE pour avoir autorisé l’administration chypriote grecque à adhérer au pacte en excluant la RTCN, même si celle-ci n’a pas adopté le plan Annan de 2004.
Soulignant le statut de garant de la Turquie sur la question chypriote « Avec sa forme d’intervention sur cette question de Chypre, l’UE s’est trouvée dans une position dans laquelle elle soutient l’inégalité sur l’égalité, l’injustice sur la justice et la cruauté sur la paix sur l’île », a ajouté Erdoğan.
« Ceux qui veulent prouver la détermination de notre pays à cet égard auraient dû en tirer les leçons », a-t-il déclaré, ajoutant que la Turquie prendrait les mesures nécessaires sans hésiter.
De sa part, dans cette même conférence de presse avec Erdoğan, le Premier ministre de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), Ersin Tatar a déclaré que « La Turquie devrait avoir le droit d’intervenir de manière unilatérale dans la question de Chypre en cas d’accord », ajoutant que les Chypriotes turcs n’accepteraient jamais d’autre solution.
« Les sacrifices que la Turquie a faits pour protéger les droits et les intérêts des Chypriotes turcs nous renforcent », a ajouté Tatar.
Il a poursuivi en affirmant que les démarches d’Ankara pour les activités d’exploration d’hydrocarbures dans la région ont été utiles aux citoyens turcs et à la RTCN.
« Les Chypriotes turcs ont toujours été favorables à la paix et au consensus », a-t-il déclaré, ajoutant que le rôle de la Turquie en tant que garant de la question chypriote avait toujours été important pour la RTCN.
Il faut noter que, Tatar est en Turquie pour sa première visite officielle suite à l’invitation d’Erdoğan.
Et certains hauts responsables de la RTCN accompagnent Tatar lors de son voyage.