L’éminente sociologue et militante, Fatma Oussedik, a souligné que le régime en Algérie crée chez les citoyens un sentiment d’encerclement et d’hostilité, en utilisant le discours de la conspiration orchestrée depuis l’extérieur. Les Algériens ont l’impression d’être assiégés par des ennemis de toutes parts, y compris leurs voisins et même Israël, malgré sa distance géographique, qui est perçu comme un ennemi cherchant à les détruire. Cette situation engendre des « troubles mentaux collectifs qualifiés de fièvre du siège et d’hostilité envers tous ».
Professeure de sociologie et d’anthropologie à l’université de la capitale, elle a expliqué que cette stratégie, qui insiste sur les « attaques cybernétiques, les attaques terroristes à l’intérieur de nos frontières et la menace extérieure », suscite chez tout le monde le sentiment d’être un peuple assiégé, sans autre refuge que les forces de sécurité et le giron des généraux. Cela provoque des troubles mentaux collectifs qui se manifestent par de l’agressivité et de la haine envers tout ce qui est étranger, y compris les autres Algériens. Cette situation explique en partie le nombre élevé de crimes violents qui se produisent chaque année dans le pays.
Dans un article intitulé « Le chemin vers un peuple libre » publié dans le journal « Liberté », la chercheuse a affirmé que le régime militaire au pouvoir ne se présente actuellement au peuple qu’à travers ses capacités répressives ou de défense, en renforçant chez chaque individu le sentiment d’une menace extérieure et de l’hostilité du reste du monde envers l’Algérie. Les experts appellent cela une fuite en avant. Au lieu de reconnaître l’échec du gang au pouvoir dans la gestion des secteurs vitaux du pays (économie, éducation, santé, chômage, pauvreté, faim, soif, électricité, prostitution, criminalité, etc.) et de prendre des mesures pour y remédier, les dirigeants continuent à propager l’idée que nous sommes entourés d’ennemis de tous côtés. Ils prétendent que la cause de l’échec de la politique du régime dans la fourniture d’un niveau de vie décent pour les citoyens et la garantie de la sécurité et de la paix pour nous et nos enfants réside dans les ennemis extérieurs qui nous guettent. Les généraux sont ainsi exonérés de toute responsabilité pour la colère, la frustration, la faim, la soif, la propagation des maladies sexuellement transmissibles et autres catastrophes.
Ce qui est étrange dans tout cela, c’est que les citoyens opprimés finissent par croire à ce plan diabolique et commencent à nourrir de l’hostilité envers tous les pays voisins et même les États du Golfe, à tel point que tous les Arabes et les Africains nous traitent comme des barbares ou des coupeurs de routes en qui ils n’ont aucune confiance !