Les forces de l’ordre ont lancé un assaut musclé samedi soir contre la Maison de l’Avocat à Tunis, aboutissant à l’arrestation de Sonia Dahmani, une avocate et chroniqueuse ciblée par un mandat d’amener de la justice après avoir exprimé des propos sarcastiques sur la situation du pays.
Dans une émission télévisée mardi, Sonia Dahmani avait ironiquement demandé : « De quel pays extraordinaire parle-t-on ? », en réaction à une affirmation selon laquelle des migrants de plusieurs pays d’Afrique cherchaient à s’installer en Tunisie. Cette remarque a été jugée « dégradante » pour l’image de la Tunisie par certains utilisateurs des réseaux sociaux.
Refusant de répondre à une convocation reçue jeudi pour comparaître devant un juge d’instruction sans motif précisé, Sonia Dahmani avait déclaré à la presse qu’elle ne se présenterait pas « sans connaître les raisons de cette convocation ». Son absence a conduit à l’émission d’un mandat d’amener à son encontre.
Sonia Dahmani est actuellement sous enquête pour la diffusion présumée de « fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique » et « incitation à la haine », selon les médias, en vertu du décret-loi 54.
Promulgué en septembre 2022 par le président Kais Saied, ce décret punit jusqu’à cinq ans de prison toute personne utilisant les médias et les réseaux de communication pour « rédiger, produire, diffuser ou répandre de fausses nouvelles (…) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique ». Plus de 60 personnes, dont des journalistes, des avocats et des opposants à Kais Saied, ont été poursuivies en vertu de ce texte au cours de l’année écoulée, selon le Syndicat national des journalistes.