La récente visite du président Bola Ahmed Tinubu en France suscite un vif débat quant à ses véritables intentions. Alors que certains la considèrent comme un simple séjour de travail, d’autres y voient un geste politique visant à renforcer les relations bilatérales entre le Nigeria et la France. Ce déplacement s’inscrit dans un contexte diplomatique et juridique complexe, marqué par la saisie controversée, puis la restitution, d’un Airbus A330 présidentiel par la justice française.
La saisie de l’avion présidentiel, ainsi que de deux autres appareils, découle d’un litige de longue date entre l’État nigérian et la société chinoise Zhongshan Fucheng Industrial Investment. Ce conflit trouve ses racines dans un contrat signé en 2007, permettant à la société chinoise de développer une zone de libre-échange dans l’État d’Ogun, au sud-ouest du Nigeria. Les autorités nigérianes ont résilié ce contrat en 2015, invoquant un manquement de Zhongshan à ses obligations, la société n’ayant construit qu’une simple clôture sur le terrain destiné au projet.
En 2021, un arbitrage à Londres a condamné le Nigeria à verser plus de 60 millions de dollars à la société chinoise, laquelle a ensuite obtenu des ordonnances d’un tribunal français pour saisir des actifs nigérians, dont les avions présidentiels.
La restitution de l’Airbus A330, juste avant le voyage de Tinubu en France, semble indiquer une tentative d’apaisement des tensions. Cependant, le choix du président de voyager à bord de cet appareil, malgré les controverses, pourrait être interprété comme une affirmation symbolique de la souveraineté nigériane.
Bien que cette visite n’inclue pas de rencontre officielle avec Emmanuel Macron, elle est porteuse de significations diplomatiques importantes. En plus de la gestion du litige avec Zhongshan, ce voyage pourrait offrir des opportunités pour des discussions stratégiques visant à renforcer les relations entre les deux pays, tout en naviguant à travers les complexités juridiques de l’affaire.
En somme, cette visite en France ne se limite pas à un voyage diplomatique de routine, mais constitue un moment décisif pour la gestion des relations internationales du Nigeria, avec des implications potentielles significatives pour l’image et la position du pays sur la scène mondiale.