La visite de Charles III en Australie, marquée par un discours devant le Parlement à Canberra, a pris une tournure dramatique lorsque la sénatrice aborigène et fervente républicaine Lidia Thorpe a interrompu la cérémonie. Ses accusations de « génocide » à l’encontre de la monarchie britannique et ses demandes de restitution des terres indigènes reflètent une profonde frustration historique et culturelle. Cet épisode illustre non seulement les tensions persistantes autour du passé colonial australien, mais aussi le débat récurrent sur la place de la monarchie dans un pays encore marqué par l’injustice envers ses populations autochtones.
Thorpe, connue pour sa défense ardente des droits des Premières Nations, a choisi de dénoncer directement le roi, symbole d’une puissance coloniale responsable des souffrances infligées aux aborigènes. Sa révolte exprime un rejet non seulement de la figure monarchique, mais aussi de l’absence de réparations significatives pour les torts historiques. Le message est fort : l’Australie, qui continue de dépendre symboliquement de la Couronne britannique, peine encore à se réconcilier avec son passé colonial et le traitement des peuples autochtones.
L’incident survient dans un contexte politique sensible. La question de la république australienne a déjà été tranchée lors de référendums, mais le mécontentement persiste. Plus récemment, en octobre 2023, un autre référendum visant à créer une voix autochtone consultative auprès du Parlement a été rejeté. Cette nouvelle manifestation de résistance souligne les divisions au sein de la société australienne, où une partie de la population exige des réformes et un engagement plus concret envers les droits des Premières Nations.
La réaction mesurée de Charles III, contrastant avec la passion de Thorpe, met en lumière une certaine distance entre la monarchie britannique et les réalités sociales australiennes. Si le roi a tenté d’honorer les Premières Nations dans son discours en louant leur sagesse traditionnelle, ces paroles n’ont pas suffi à apaiser les critiques. Le fait que le Premier ministre Anthony Albanese ait félicité Charles III, alors que Thorpe dénonçait bruyamment les injustices coloniales, démontre l’écart entre les dirigeants politiques actuels et les défenseurs des droits autochtones.
L’incident révèle ainsi un malaise profond qui dépasse la simple visite protocolaire. Il souligne la nécessité d’une réflexion sérieuse sur le rôle de la monarchie dans une Australie contemporaine en quête de réconciliation et de justice. Le débat autour de la création d’une république et d’un traité avec les Premières Nations reste d’une actualité brûlante, et les voix comme celle de Thorpe continueront à résonner tant que ces questions ne seront pas résolues.