Les rues de Port-au-Prince continuent de trembler sous la violence. Mardi 19 novembre, policiers et habitants armés ont abattu 28 membres de gangs dans un élan de riposte contre l’offensive meurtrière menée par l’alliance « Viv Ansanm ». Ce conflit sanglant révèle une fois de plus la profonde crise sécuritaire et politique qui ravage Haïti.
Aux premières heures de mardi, un camion et un minibus remplis de membres de gangs ont été interceptés par la police à Pétion-Ville, une banlieue huppée, et au cœur de Port-au-Prince. Dix d’entre eux ont été tués par la police, tandis que les survivants, pourchassés, ont été abattus par des groupes d’autodéfense locaux.
Depuis la semaine passée, « Viv Ansanm », une coalition de gangs redoutée, a multiplié les attaques pour exiger la démission du Conseil présidentiel de transition (CPT). Les appels belliqueux de leur leader, Jimmy Chérisier alias « Barbecue », ont mis à feu et à sang des quartiers tels que Bourdon et Canapé Vert.
La violence est exacerbée par une instabilité politique. Après le limogeage du Premier ministre Garry Conille le 10 novembre, son successeur, Alix Didier Fils-Aimé, s’est engagé à rétablir la sécurité et organiser les premières élections depuis 2016. Mais les efforts peinent à contenir le chaos.
Haïti fait face à une crise humanitaire dévastatrice : plus de 20 000 personnes ont été déplacées en une semaine, selon l’OIM. Les tirs contre trois avions la semaine dernière ont même conduit à la fermeture de l’aéroport international et à une suspension des vols commerciaux américains.
Malgré l’arrivée de 400 policiers kényans dans le cadre d’une mission multinationale soutenue par l’ONU, les violences ne faiblissent pas. Entre juillet et septembre, Haïti a recensé 1 233 meurtres, dont près de la moitié imputés aux forces de l’ordre.
Alors que l’espoir s’amenuise, les Haïtiens restent pris au piège d’un cercle vicieux de violence, pauvreté et instabilité politique. Cette situation appelle une réponse internationale plus forte et une solution durable à une crise devenue insoutenable.