Le Bureau d’enquête sur les hauts fonctionnaires sud-coréens a pris une mesure historique LUNDI en interdisant au président Yoon Suk-yeol de voyager à l’étranger, en réponse à des accusations graves de trahison et de tentative de rébellion après la proclamation controversée de la loi martiale il y a six jours. C’est une première pour un président en exercice, soulignant la gravité des soupçons qui pèsent sur lui. Cette interdiction vise à surveiller étroitement Yoon Suk-yeol pendant que l’enquête est en cours.
La situation politique en Corée du Sud continue de se détériorer. Le Parti du pouvoir populaire (PPP), qui avait boycotté la motion de destitution au Parlement, a accepté de céder la gouvernance au Premier ministre et au PPP en échange d’une promesse de retrait de Yoon Suk-yeol. Cependant, l’opposition critique cette décision comme une tentative anticonstitutionnelle de maintenir le pouvoir, qualifiant cela de deuxième coup d’État. Park Chan-dae, chef du Parti démocrate (principale force d’opposition), considère cette situation comme une violation flagrante de la Constitution.
La crise politique exacerbe les tensions entre l’exécutif et le législatif. Le commandant de la loi martiale temporaire et le chef du contre-espionnage ont également vu leur départ interdit du pays. L’enquête pourrait potentiellement toucher directement Yoon Suk-yeol, dont la position sécuritaire reste complexe malgré ses difficultés. Bien que le ministère de la Défense continue de soutenir que Yoon reste à la tête de l’appareil sécuritaire, son autorité est vivement contestée.
Le taux d’approbation du président a atteint un nouveau plus bas de 11 %, selon un récent sondage Gallup. Des milliers de manifestants ont manifesté devant le Parlement pour exiger sa démission, avec une nouvelle tentative de destitution prévue. Cette crise met en lumière les profondes divisions politiques et les enjeux constitutionnels en jeu, avec des manifestations attendues autour de l’Assemblée nationale. Le ministre de l’Intérieur Lee Sang-min, également en fonction lors de la loi martiale, a démissionné. Les responsables politiques Kim, Lee et Yoon sont tous sous enquête pour « rébellion ». Yoon Suk-yeol a cependant survécu samedi soir à une motion de destitution soumise au vote du Parlement, dominé par l’opposition, le Parti du pouvoir au peuple (PPP) ayant boycotté le scrutin, invalidé faute de quorum.
Le PPP a ensuite expliqué avoir obtenu du président Yoon, en échange de ce blocage, sa promesse qu’il se retirerait et qu’il laisserait la gouvernance à sa formation ainsi qu’au Premier ministre. L’opposition a fustigé lundi des manœuvres illégales et anticonstitutionnelles pour garder le pouvoir. « Peu importe la manière dont ils tentent de le justifier, c’est un deuxième acte de rébellion et un deuxième coup d’État, illégal et anticonstitutionnel », a tonné Park Chan-dae, chef du Parti démocrate (principale force de l’opposition) au Parlement.
La Constitution sud-coréenne stipule que le président reste le chef du gouvernement et des armées, sauf s’il est dans l’incapacité d’assumer ses fonctions, démissionne ou est destitué. Dans ces cas-là, le Premier ministre prend le relais jusqu’à la tenue d’une nouvelle élection. Affirmer que Yoon Suk-yeol peut rester en fonction tout en transférant ses pouvoirs au Premier ministre et au PPP constitue une violation flagrante de la Constitution, sans aucune base légale, a déclaré Kim Hae-won, professeur de droit constitutionnel à la faculté nationale de droit de Busan.
Les autorités ont convoqué lundi pour interrogatoire le commandant de la loi martiale, également frappé d’une interdiction de quitter le pays, tout comme le chef du contre-espionnage. Yoon Suk-yeol lui-même pourrait être convoqué, a indiqué la police. Cette dernière mènera ses recherches en conformité avec la loi et les règles, sans aucune exception, a assuré Woo Jong-soo, chef des enquêtes de la police nationale.
Malgré ses déboires, le ministère de la Défense a affirmé lundi que Yoon Suk-yeol restait à la tête de l’appareil sécuritaire du pays, soulignant la complexité de la situation politique. Légalement, le contrôle des forces armées est actuellement entre les mains du commandant en chef Yoon, a dit Jeon Ha-kyou, porte-parole du ministère.
Yoon Suk-yeol a présenté ses excuses samedi pour avoir proclamé la loi martiale, mais n’a pas démissionné. Il avait alors justifié son geste par son désespoir face au Parlement qui torpillait pratiquement toutes ses initiatives. « J’ai causé de l’anxiété et des désagréments au public. Je présente mes excuses sincères », avait-il conclu avant de s’incliner profondément devant les téléspectateurs.
Tard mardi, en proclamant la loi martiale, il avait dit vouloir protéger la Corée du Sud des forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État. Soldats et policiers avaient été déployés pour mettre le Parlement sous scellés, sans empêcher 190 députés d’y entrer pour voter la levée de cet état d’exception. Devant l’institution, des milliers de personnes s’étaient rassemblées pour exiger la démission de Yoon Suk-yeol.
Samedi soir, alors que la motion de destitution contre lui était soumise au vote, quelque 150 000 manifestants s’étaient massés devant le Parlement, selon la police. Les organisateurs ont eux revendiqué une affluence d’un million de protestataires. L’opposition a fixé à samedi sa nouvelle tentative de faire destituer Yoon. De nouveaux rassemblements d’ampleur autour de l’Assemblée nationale sont prévus. Le taux d’approbation du président a atteint un plus bas de 11 %, selon un nouveau sondage de Gallup publié lundi par les médias locaux.