Milos Vucevic, Premier ministre populiste serbe, a annoncé sa démission mardi dans une tentative de calmer les tensions politiques exacerbées par des semaines de manifestations massives dénonçant la corruption au sein du gouvernement. Ces événements trouvent leur origine dans l’effondrement tragique d’un auvent en béton en novembre dernier à Novi Sad, qui a coûté la vie à 15 personnes, dont deux enfants.
Lors d’une conférence de presse, Vucevic a déclaré : « J’appelle tout le monde à calmer les passions et à revenir au dialogue. » Cependant, cet appel intervient dans un climat tendu, marqué par des grèves étudiantes, des blocages routiers et des accusations croissantes d’autocratie à la rencontre du président Aleksandar Vucic. Le maire de Novi Sad, Milan Djuric, a également démissionné le même jour, soulignant l’ampleur de la crise politique actuelle.
L’effondrement de l’auvent, perçu comme le résultat direct de la corruption endémique, a alimenté un mécontentement généralisé envers le régime. Bien que la Serbie ait déposé une candidature à l’Union européenne, le gouvernement est sensible à son autoritarisme croissant et à la restriction des libertés démocratiques.
La démission de Vucevic ouvre la voie à d’éventuelles élections parlementaires anticipées. Selon la Constitution serbe, le Parlement dispose de 30 jours pour approuver un nouveau gouvernement ou organisateur des élections.
De leur côté, les partis d’opposition demandent la formation d’un gouvernement de transition pour garantir des élections libres et équitables. Ils dénoncent également des irrégularités lors des élections précédentes. Vucevic, nommé Premier ministre en avril 2024 après une victoire de son Parti progressiste serbe, a dirigé un gouvernement qui a vu sa légitimité de plus en plus remise en question à la suite de la tragédie de Novi Sad.
Les manifestations actuelles, dirigées en grande partie par des étudiants, ont pris une ampleur inattendue. Ces derniers, qui ont occupé leurs facultés pendant plus de deux mois, sont rejoints par des travailleurs de divers secteurs, y compris des agriculteurs, des avocats et des juges. L’appel à la justice lancé par les étudiants résonne dans un pays où la corruption est perçue comme omniprésente, et où les citoyens se sentent de plus en plus déconnectés des institutions censées les protéger.
Branimir Jovancicevic, professeur à la Faculté de chimie de Belgrade, a exprimé l’espoir que la démission de Vucevic marque un premier pas vers un véritable changement. Cependant, il met en garde : « Si le président pense qu’en remplacer une seule personne, essentiellement sans importance, il résoudra le problème, il se trompe profondément. » Pour Jovancicevic, ce geste ne suffira pas à éradiquer l’autocratie et la dictature en Serbie, et des réformes
Parallèlement à la démission, l’enquête sur l’effondrement de l’auvent reste au centre des préoccupations. Bien que des accusations aient été portées contre 13 personnes, dont un ministre en poste et plusieurs responsables publics, la libération rapide de l’ex-ministre de la Construction Goran Vesic, qui avait démissionné après l’accident, a tiré des doutes sur l ‘intégrité de l’enquête. Ce doute est renforcé par l’implication des sociétés chinoises dans la rénovation d’infrastructures, un contexte qui ajoute une couche de suspicion sur l’ensemble des pratiques gouvernées.
Enfin, les blocages de la circulation, effectués chaque jour à 11h52, l’heure exacte de l’effondrement du béton, restent un puissant symbole du souvenir des 15 victimes, dont deux enfants. Ces manifestations, quotidiennes et intenses, montrent que la pression populaire ne faiblit pas. Les étudiants et les manifestants affirment qu’ils continueront à lutter pour la vérité et la justice