Les prix du pétrole ont plongé pour le troisième jour consécutif, atteignant leur niveau le plus bas depuis trois ans, sous l’effet des inquiétudes croissantes liées à la guerre commerciale initiée par le président américain Donald Trump. Cette escalade tarifaire menace de freiner l’activité économique mondiale et, par conséquent, de réduire la demande de brut.
Mercredi, le Brent, référence internationale, est tombé à 68,33 dollars le baril, son plus bas niveau depuis décembre 2021, tandis que le West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, a chuté de plus de 4 %, s’établissant à 65,22 dollars. Cette baisse intervient dans un contexte marqué par une hausse inattendue des stocks de pétrole brut aux États-Unis, signalée par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA). Les réserves ont augmenté de 3,6 millions de barils la semaine dernière, bien au-delà des prévisions des analystes, renforçant les craintes d’un ralentissement de la demande.
« La principale préoccupation des marchés porte sur les tarifs douaniers de Trump, les représailles des pays visés et leurs conséquences à venir », explique Callum Macpherson, responsable des matières premières chez Investec. Selon lui, le prix du pétrole reste « exposé à un risque de correction encore plus marqué ».
L’Opep+ surprend en augmentant sa production
Cette chute des cours a été amplifiée par une annonce inattendue de l’Opep+. Lundi, le cartel pétrolier a confirmé son intention de poursuivre un plan, jusque-là retardé, visant à augmenter sa production à partir d’avril. Cette décision mettra fin à des réductions de longue date : dès le mois prochain, huit membres, dont l’Arabie saoudite et la Russie, augmenteront leur production de 120 000 barils par jour, avec une hausse progressive atteignant 2,2 millions de barils par jour sur les 18 prochains mois.
Ces dernières années, l’Opep+ avait drastiquement réduit sa production pour soutenir les prix, amputant l’offre mondiale de près de 6 millions de barils par jour, soit environ 6 % de l’approvisionnement global. L’Arabie saoudite, qui a porté l’essentiel de cet effort avec une réduction de 2 millions de barils par jour, semble désormais prête à changer de stratégie. Selon des informations du Financial Times datant de septembre, les responsables saoudiens envisagent une reprise de la production, même au prix d’une période prolongée de cours bas.
La chute des prix a également été accentuée par des facteurs techniques. Amrita Sen, analyste chez Energy Aspects, note que le WTI est passé sous des seuils critiques, déclenchant des ventes automatiques liées à des options de vente détenues par les producteurs américains. « Les craintes autour de la liquidité et de la croissance économique ont plombé le sentiment général, poussant le brut sous des niveaux clés et provoquant de nouveaux mouvements baissiers », précise-t-elle.
Alors que les tarifs douaniers de Trump sur le Canada, le Mexique et la Chine, confirmés cette semaine, alimentent l’incertitude, les marchés pétroliers restent sous pression. Cette dynamique pourrait avoir des répercussions plus larges, notamment sur les prix du carburant, comme l’a récemment averti une société nord-américaine de pipelines.