Les prix du pétrole ont reculé vendredi, fragilisés par les perspectives d’apaisement en Ukraine après l’annonce d’une rencontre prochaine entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Budapest. Une baisse qui intervient dans un contexte de marché déjà affaibli par la hausse des stocks américains et une offre mondiale excédentaire.
À Londres, le baril de Brent pour livraison en décembre a perdu 1,18 %, s’établissant à 60,34 dollars, tandis que le WTI américain pour livraison en novembre a reculé de 1,15 % à 56,80 dollars. Depuis le début de la semaine, les deux indices affichent une chute d’environ 3 %, alourdissant la perspective d’une baisse hebdomadaire marquée.
Cette tendance s’explique par une combinaison de facteurs : d’un côté, les espoirs d’une désescalade du conflit russo-ukrainien, et de l’autre, les indicateurs d’un marché suralimenté. L’annonce de la rencontre entre les présidents américain et russe, destinée à explorer les voies d’une paix durable, a contribué à atténuer les craintes liées à l’approvisionnement énergétique mondial.
« Si cette nouvelle rencontre permet à la Russie et à l’Ukraine de s’engager sur la voie de la paix, le prix du pétrole pourrait encore baisser », estime Kathleen Brooks, analyste chez XTB.
Dans le même temps, les données de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) ont pesé sur le marché : les stocks de brut américains ont bondi de 3,5 millions de barils la semaine dernière, atteignant 423,8 millions de barils, contre une hausse attendue de seulement 288 000. L’agence explique cette accumulation par la baisse d’activité des raffineries, actuellement en période de maintenance automnale.
La production pétrolière américaine a quant à elle atteint un niveau record de 13,636 millions de barils par jour, confirmant la résilience du secteur face à la volatilité des prix.
Sur le plan diplomatique, la tension reste palpable. Si Poutine a vanté la robustesse du secteur énergétique russe malgré les sanctions occidentales, Donald Trump a de son côté affirmé que l’Inde s’était engagée à réduire ses achats de pétrole russe, tandis que la Chine défendait ses importations comme « légitimes ».
En toile de fond, les tensions commerciales sino-américaines continuent de peser sur la demande mondiale en or noir. L’interdiction par Pékin de certaines exportations de terres rares alimente les craintes d’un impact durable sur l’industrie technologique américaine.
« Si cette interdiction devait se pérenniser, cela serait catastrophique pour les chaînes d’approvisionnement américaines », avertit John Evans, de PVM Energy.
Entre excédent d’offre, diplomatie hésitante et incertitudes géopolitiques, le marché pétrolier navigue à vue. La perspective d’un accord entre Washington et Moscou pourrait offrir un répit diplomatique… mais, paradoxalement, accentuer la pression à la baisse sur les prix du brut.