Le président français Emmanuel Macron s’apprête à entamer, à partir du 25 mai, une tournée diplomatique d’envergure en Asie du Sud-Est. Cette série de visites d’État — au Vietnam, en Indonésie puis à Singapour — s’inscrit dans le cadre de la consolidation de la stratégie indopacifique de la France, dans un contexte géopolitique marqué par des tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine.
Face à une région de plus en plus sous pression, tant sur le plan économique que sécuritaire, Paris entend se positionner comme un partenaire fiable et équilibré, soucieux du respect de la souveraineté des nations et de la stabilité régionale. Alors que Washington relance la guerre commerciale par le biais de taxes imposées par Donald Trump, et que Pékin multiplie les actions offensives, notamment sur les contentieux en mer de Chine, la France souhaite défendre une autre voie.
« Nous refusons une logique de confrontation et de domination. La France porte la voix du multilatéralisme et des règles du commerce international », résume un conseiller de l’Élysée. En ce sens, cette tournée ne se limite pas à la symbolique diplomatique ; elle traduit une volonté claire de repenser les équilibres économiques et stratégiques à long terme.
Cette démarche s’appuie également sur des objectifs concrets, notamment la diversification des chaînes d’approvisionnement et des partenariats énergétiques, essentielle à l’autonomie stratégique de la France. Au Vietnam comme en Indonésie, Emmanuel Macron rencontrera non seulement les dirigeants politiques, mais aussi des entrepreneurs, des investisseurs et des étudiants, afin de renforcer des coopérations sectorielles et de valoriser l’innovation.
Mais au-delà des dossiers économiques, cette tournée permettra au chef de l’État d’aborder des enjeux géopolitiques majeurs, à commencer par le conflit israélo-palestinien. Dans des pays à majorité musulmane, comme l’Indonésie, il entend répondre aux critiques sur un prétendu « double standard » occidental entre l’Ukraine et Gaza. L’Élysée insiste : « Le président comprend les sensibilités régionales et souhaite montrer qu’il est engagé pour une paix juste et durable au Proche-Orient. » À cet égard, l’étape indonésienne prendra une dimension symbolique particulière, à l’approche de la conférence coorganisée par la France et l’Arabie Saoudite à l’ONU sur la solution à deux États.
En parallèle, Macron insistera sur les conséquences mondiales de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Pour Paris, il ne s’agit pas uniquement d’un conflit européen : cette guerre remet en cause la souveraineté des États et déstabilise l’Asie elle-même, notamment par la mobilisation de soldats nord-coréens au profit de Moscou et par le soutien russe aux programmes balistique et nucléaire de Pyongyang.
En enchaînant ces visites de haut niveau, Emmanuel Macron entend rappeler que la France reste un acteur global, crédible et engagé. Dans une région en quête d’équilibre et de partenaires stables, il veut faire entendre une voix française qui refuse l’escalade des tensions, tout en proposant des coopérations concrètes, équilibrées et tournées vers l’avenir.