La récente décision de l’OPEP+ de mettre fin à sa politique agressive de réduction de l’offre et d’engager une augmentation progressive de la production pétrolière dès avril 2025 constitue un tournant majeur pour les pays membres, dont l’Algérie. En tant que membre influent de cette alliance, l’Algérie se retrouve face à des défis économiques importants qui risquent d’impacter lourdement ses finances publiques.
L’annonce de l’OPEP+ a provoqué une réaction rapide sur les marchés mondiaux, avec une baisse significative des cours du pétrole. Le Brent, référence mondiale, est passé sous la barre des 66 dollars le baril, un niveau qui inquiète particulièrement Alger. Cette diminution des prix a un effet direct sur les recettes de l’Algérie, fortement dépendante des revenus pétroliers pour équilibrer son budget national.
La rente pétrolière constitue la principale source de financement des services publics algériens, du système de subventions sociales ainsi que des salaires dans la fonction publique. La baisse des prix du pétrole engendre donc une réduction immédiate et conséquente des recettes de l’État, accentuant un risque de creusement du déficit budgétaire. Dans un contexte social déjà sensible, cette contraction financière peut exacerber les tensions internes, en limitant la capacité du gouvernement à maintenir ses engagements sociaux et économiques.
L’augmentation globale de la production mondiale génère une compétition plus rude, notamment face aux producteurs de pétrole de schiste américains capables d’ajuster rapidement leur production en fonction des fluctuations des prix. Cette dynamique concurrentielle pourrait réduire la part de marché de l’Algérie si elle ne parvient pas à adapter efficacement sa production ou à repenser sa stratégie commerciale à l’international.
Une pression supplémentaire sur les réserves financières
La diminution attendue des revenus pétroliers risque d’aggraver un déficit déjà fragilisé par plusieurs années de prix bas et de dépenses publiques importantes. Pour compenser cette baisse, les autorités algériennes pourraient être contraintes d’utiliser davantage leurs réserves de change, qui tendent à diminuer ces dernières années. Cette situation limite la marge de manœuvre financière de l’État, affectant ses capacités à investir dans des secteurs stratégiques non liés aux hydrocarbures, tels que l’agriculture, les énergies renouvelables ou encore le développement industriel.
L’Algérie a longtemps été saluée pour sa discipline dans le respect des quotas fixés par l’OPEP+, contrairement à certains pays comme l’Irak ou le Kazakhstan qui ont souvent dépassé leurs plafonds. Avec la nouvelle stratégie d’augmentation de la production, Alger devra ajuster sa production en fonction des quotas révisés, afin de ne pas compromettre la stabilité de l’alliance et sa crédibilité sur la scène internationale.
L’Arabie saoudite, leader de l’OPEP+, a déjà amorcé une augmentation de sa production, passant à 9 millions de barils par jour en avril 2025. Cependant, les baisses observées en Iran, Venezuela ou Nigéria ont compensé ces hausses, maintenant une certaine stabilité globale. Par ailleurs, certains membres comme le Kazakhstan n’ont pas respecté leurs quotas, et leur volonté de ne pas réduire la production dans les prochains mois complexifie davantage la dynamique du groupe.
L’Arabie saoudite affiche clairement sa volonté de discipliner les producteurs dépassant leurs quotas et de contenir la croissance du pétrole de schiste américain par une gestion fine des prix, désormais maintenus à des niveaux susceptibles de ralentir les investissements dans les nouveaux puits de schiste. Cette approche pourrait influencer à court terme l’équilibre du marché mondial et la rentabilité des producteurs non OPEP+.
Si cette politique d’augmentation progressive de l’offre peut être perçue comme une opportunité à court terme pour l’Algérie – avec une hausse potentielle des volumes exportés –, elle exige néanmoins une grande flexibilité dans la gestion de la production et une adaptation constante à un marché mondial volatil, marqué par des incertitudes économiques majeures. Pour Alger, il s’agit désormais de trouver un équilibre entre l’exploitation optimale de ses ressources et la nécessité de diversifier son économie pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures.