Dans un geste diplomatique fort, le nouveau gouvernement syrien a annoncé l’ouverture de plusieurs anciens sites nucléaires à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette décision marque une inflexion stratégique majeure, dans un contexte où Damas cherche à restaurer sa crédibilité internationale après des années d’isolement.
Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’AIEA, s’est rendu à Damas le 4 juin 2025 pour entériner cet accord inédit. À l’issue de ses rencontres avec le président Ahmed al-Sharaa et plusieurs hauts responsables syriens, Grossi a salué « une volonté affirmée de la Syrie de coopérer pleinement avec la communauté internationale et de tourner la page sur les zones d’ombre de son programme nucléaire ».
Selon l’agence onusienne, cette coopération vise à permettre des inspections approfondies sur au moins quatre sites stratégiques, dont l’ancien réacteur de Deir ez-Zor, détruit par une frappe israélienne en 2007. Ce réacteur, construit avec l’aide présumée de la Corée du Nord, aurait pu servir à produire du plutonium de qualité militaire, en dehors des cadres du Traité de non-prolifération.
L’AIEA espère également accéder à un réacteur de recherche à Damas, à une unité de traitement de concentré d’uranium à Homs, ainsi qu’à plusieurs lieux associés à un ancien programme soupçonné de militarisation. Grossi a insisté sur la nécessité de retrouver d’éventuelles traces d’uranium enrichi : « Il ne s’agit pas seulement d’histoire. Toute matière fissile mal contrôlée représente aujourd’hui un risque régional majeur ».
Cette ouverture survient alors que les États-Unis et l’Union européenne ont récemment levé une partie des sanctions pesant sur Damas, estimant que le nouveau pouvoir montre des signes tangibles de coopération. En revanche, Israël, toujours en alerte face à toute résurgence de menace nucléaire à ses frontières, a intensifié ses frappes sur des cibles syriennes ces derniers mois, malgré l’amorce de pourparlers indirects en mai.
Les inspecteurs de l’AIEA devraient entamer leurs opérations sur le terrain dans les prochaines semaines. Reste à voir si cette initiative marquera un réel tournant vers la transparence, ou si elle servira, comme par le passé, à diluer les soupçons sans les dissiper.