A la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a accueilli ,Mercredi, cinq dirigeants ouest-africains — ceux du Sénégal, du Liberia, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau et du Gabon — pour une rencontre présentée comme le lancement d’un « nouveau partenariat économique et stratégique ». Officiellement centrée sur le commerce, l’investissement et la sécurité, cette initiative vise à renforcer les liens entre les États-Unis et une région reconnue pour ses richesses naturelles et sa position géopolitique importante.
Toutefois, au-delà des promesses d’une coopération mutuellement bénéfique, cette démarche reflète aussi un repositionnement pragmatique de Washington. On observe en effet une évolution, avec une réduction progressive de l’aide humanitaire traditionnelle au profit d’une politique davantage axée sur le développement des relations commerciales et la coopération sécuritaire. Ce changement traduit la volonté américaine d’accompagner le développement économique du continent tout en répondant à ses propres intérêts stratégiques.
Lors d’un déjeuner officiel, les dirigeants africains ont salué le rôle de Donald Trump, notamment pour son implication dans la paix régionale, à l’image de l’accord récent entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Les échanges ont rapidement porté sur un enjeu majeur : les ressources naturelles de leurs pays — or, uranium, manganèse, terres rares, pétrole et lithium —, éléments essentiels aux chaînes d’approvisionnement mondiales, en particulier dans les secteurs de l’électronique et de la transition énergétique.
Fidèle à son style direct, Donald Trump a souligné : « Vos pays regorgent de terres précieuses, de minéraux stratégiques et de populations formidables. » Ce discours traduit une volonté d’établir des partenariats fondés sur des intérêts partagés, tout en soulignant le potentiel économique de la région.
Après avoir quelque peu marginalisé l’Afrique lors de son premier mandat (2017-2021), le président américain semble aujourd’hui opérer un virage stratégique. Il mise sur des partenariats dits « gagnant-gagnant », qui mêlent développement économique, sécurité régionale et gestion des flux migratoires.
Selon Nicaise Mouloumbi, président de l’ONG gabonaise Croissance Saine Environnement, la présence du président gabonais est notamment liée aux richesses minières du pays : terres rares encore peu exploitées, manganèse — dont le Gabon est le premier producteur mondial — uranium, pétrole et bois précieux. Le Gabon bénéficie également d’une position stratégique dans le Golfe de Guinée, où Washington envisagerait d’établir une présence militaire.
Le commerce des ressources naturelles demeure ainsi au cœur des discussions, dans un contexte de compétition croissante avec d’autres grandes puissances telles que la Chine ou la Russie. Les États-Unis cherchent à renforcer leur influence dans cette région clé.
Babacar Diagne, ancien ambassadeur du Sénégal à Washington, note un changement notable avec cette nouvelle administration, qui privilégie désormais les échanges commerciaux et la sécurité, par rapport aux approches plus traditionnelles centrées sur la lutte contre la pauvreté et les programmes de développement, comme l’AGOA.
Le volet sécuritaire joue également un rôle important, en particulier dans la lutte contre le terrorisme, notamment maritime dans le Golfe de Guinée, ainsi que contre le trafic de drogue. Donald Trump a insisté sur la nécessité d’une coopération renforcée dans ces domaines, en échange d’un soutien américain accru.
Enfin, la question migratoire, souvent sous-jacente, a été abordée. Entre 2023 et 2025, de nombreux jeunes de Mauritanie et du Sénégal ont tenté de rejoindre les États-Unis, parfois par des voies irrégulières. Washington envisage désormais la mise en place d’accords dits de « pays tiers sûrs » pour mieux réguler ces flux, un sujet qui pourrait faire l’objet de discussions délicates.
Ce sommet, inédit par sa forme et son contenu, témoigne à la fois de l’importance croissante de l’Afrique dans la géopolitique mondiale et des défis liés à l’engagement des grandes puissances sur le continent. Il ouvre la voie à une nouvelle étape dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique de l’Ouest, mêlant opportunités économiques et enjeux stratégiques.