Le Niger, pays sahélien confronté à des violences djihadistes récurrentes, a de nouveau été endeuillé lundi par des hommes armés qui ont tué 22 villageois dans la région de Tillabéri, proche du Mali. L’ouest du Niger fait face à des attaques de groupes liés à Al-Qaida et à l’État islamique, que la junte arrivée au pouvoir il y a deux ans peine à endiguer.
Lundi matin, des hommes armés à moto ont ouvert le feu sur des villageois dans la localité de Takoubatt, pendant une cérémonie de baptême, tuant 15 personnes. Les assaillants se sont ensuite rendus dans les alentours de Takoubatt où ils ont tué sept autres personnes. Le média local Elmaestro TV a confirmé un « bilan macabre de 22 personnes innocentes lâchement tuées sans raison ni fondement ».
Une fois de plus, la région de Tillabéri a été frappée par la barbarie, plongeant des familles innocentes dans le deuil et la désolation, a réagi la figure de la société civile Maïkoul Zodi, dans une publication sur les réseaux sociaux.
La commune de Tondikiwindi, située à une centaine de kilomètres de la capitale Niamey, avait déjà été particulièrement touchée par des attaques en 2021 et 2022. Elle se trouve dans la vaste région de Tillabéri, proche du Burkina Faso et du Mali, dans la zone dite des trois frontières, où les groupes djihadistes sont très actifs et mènent fréquemment des attaques meurtrières contre les armées des trois pays membres de l’alliance des États du Sahel (AES).
En dépit d’un déploiement massif de l’armée burkinabè dans cette région, les violences attribuées aux djihadistes visent indistinctement civils et militaires. Une vingtaine de soldats y ont été tués la semaine dernière.
Pourquoi, malgré les efforts de nos vaillantes forces de défense et de sécurité, de telles attaques continuent-elles de se produire avec une telle facilité ? Il est temps d’apporter des réponses concrètes, de renforcer la présence de l’État dans les zones vulnérables, a ajouté Maïkoul Zodi, un militant habituellement proche de la junte.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a elle aussi exhorté les autorités nigériennes à « faire plus pour protéger » les civils de la région de Tillabéri. HRW estime que l’État islamique au Sahel (EIS) a « exécuté sommairement » plus de 127 villageois et croyants musulmans lors de cinq attaques répertoriées depuis mars dans la région.
Depuis octobre 2024, l’ONG Acled, qui recense les victimes de conflits dans le monde, indique que 1 800 personnes ont été tuées dans des attaques au Niger, dont les trois quarts dans la région de Tillabéri. Le Niger fait également face aux terroristes de Boko Haram, le groupe extrémiste nigérian, dans sa partie est, près du Lac Tchad.
Le Niger et ses voisins, le Burkina Faso et le Mali, également dirigés par des militaires putschistes, se sont réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ils ont mis sur pied une force unifiée de 5 000 hommes contre les « groupes terroristes ». Les trois pays sahéliens, qui revendiquent une politique souverainiste, ont expulsé les armées française et américaine qui luttaient avec eux contre le terrorisme et se sont rapprochés notamment de la Russie.