Le 18 septembre 2025, à Londres, le marché pétrolier affiche une prudence marquée, les cours évoluant dans une léthargie notable. À 09h20 GMT, le Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s’établit à 67,71 dollars, en recul de 0,35 %, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain cède 0,34 % à 63,83 dollars. Cette atonie s’explique par un faisceau de facteurs, dominé par la récente décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) d’abaisser ses taux directeurs et par les ajustements stratégiques de l’OPEP+.
La Fed, dans un premier assouplissement monétaire de l’année, a opté pour une baisse des taux afin de soutenir une économie américaine montrant des signes de ralentissement. Pourtant, loin de dynamiser les marchés, cette mesure alimente les inquiétudes. « Cette décision reflète moins un élan de croissance qu’une anticipation d’une conjoncture fragile », observe Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdown. En effet, dans un contexte d’inflation persistante, les investisseurs craignent que la baisse des taux ne suffise pas à relancer la demande mondiale de pétrole, particulièrement dans les secteurs industriels et de transport.
Parallèlement, l’OPEP+ a surpris les marchés en annonçant une augmentation de sa production de 137 000 barils par jour, marquant un revirement précoce par rapport aux coupes décidées en 2023. Bien que modeste, cette hausse ravive le spectre d’une guerre des prix, un scénario douloureux dans l’histoire récente de l’organisation. Entre 2014 et 2016, une telle stratégie avait coûté à l’OPEP plus de 450 milliards de dollars et affaibli des acteurs clés comme l’Arabie saoudite. Aujourd’hui, Riyad semble naviguer avec prudence, cherchant à équilibrer ses parts de marché tout en évitant de déstabiliser les prix, notamment pour soutenir les producteurs de schiste américains.
Les incertitudes géopolitiques pèsent également lourd. L’annonce d’un 19ᵉ train de sanctions européennes contre la Russie, en coordination avec Washington, pourrait bouleverser les flux pétroliers mondiaux. Un durcissement des mesures visant Moscou accentuerait les tensions sur l’offre, déjà perturbée par les pressions sur l’Iran et le Venezuela. Ce contexte géopolitique volatile maintient les investisseurs sur leurs gardes, dans l’attente de signaux clairs sur l’évolution des équilibres mondiaux.
Les dernières données de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) compliquent encore la lecture du marché. Une chute importante des stocks de brut a été enregistrée – facteur traditionnellement haussier –, mais elle s’explique essentiellement par une hausse des exportations américaines. En parallèle, l’accumulation des stocks de produits distillés suggère une demande inégale, renforçant l’impression d’un marché hésitant et fragmenté.
En somme, le marché pétrolier se retrouve pris entre des signaux contradictoires : une Fed qui inquiète plus qu’elle ne rassure, une OPEP+ hésitante entre discipline et ouverture, et un climat géopolitique instable. Dans ce contexte, les investisseurs restent à l’affût du moindre signal, conscients que la moindre décision peut faire basculer l’équilibre fragile d’un marché en suspens.