Strasbourg, 9 octobre 2025 — Ursula von der Leyen retrouve un répit. La présidente de la Commission européenne a surmonté, jeudi, deux motions de censure simultanées, déposées par les groupes d’extrême droite et d’extrême gauche du Parlement européen. Une épreuve politique inédite, dont elle ressort renforcée, malgré les divisions profondes qui traversent l’hémicycle.
Lors de la séance plénière à Strasbourg, les deux initiatives n’ont pas atteint la majorité absolue des 361 voix requises pour renverser la Commission. La motion présentée par le groupe d’extrême droite Patriotes pour l’Europe, menée par Jordan Bardella, a recueilli 179 voix pour, 378 contre et 37 abstentions. Celle du Groupe de la Gauche, portée par Manon Aubry, a obtenu 133 voix pour, 383 contre et 78 abstentions.
C’est la première fois que deux motions de censure sont examinées en parallèle au Parlement européen. Les critiques, bien que venant de bords opposés, convergent dans leur volonté de fragiliser la présidente : les Patriotes dénoncent des accords commerciaux jugés « défavorables à l’Europe », tandis que la gauche radicale accuse la Commission « d’inaction face aux bombardements israéliens à Gaza ».
Ce double revers pour ses adversaires confirme la solidité du soutien dont bénéficie Ursula von der Leyen au sein de la majorité pro-européenne. Son alliance entre le Parti populaire européen (PPE), Renew Europe et une partie des Verts/ALE s’est montrée plus soudée que lors de la précédente tentative de censure en juillet dernier.
Avec 378 voix contre, la présidente améliore son score par rapport aux 360 voix obtenues trois mois plus tôt, et même aux 370 voix qui avaient validé son collège de commissaires en novembre 2024. « Démettre la Commission maintenant serait irresponsable dans le contexte mondial actuel », a déclaré Bas Eickhout, coprésident des Verts/ALE, tout en appelant à davantage d’ambition climatique.
Cette victoire politique, dans un climat de polarisation croissante, conforte Ursula von der Leyen dans son rôle de pilier de la stabilité européenne.
Sous la pression de trois motions de censure en trois mois, la présidente a affiné son positionnement. Elle a durci son discours sur le conflit israélo-palestinien, multiplié les consultations intergroupes et ouvert la voie à des discussions sur le programme stratégique 2026 de la Commission.
« Von der Leyen a compris que le centre voulait de la continuité, pas de la rupture », analyse Sophia Russack, chercheuse au Centre for European Policy Studies (CEPS). « Elle a montré qu’elle pouvait écouter, s’adapter et donner des gages de stabilité. »
Malgré cette victoire, la route reste semée d’embûches. Le projet de fusion des fonds agricoles et régionaux dans le futur budget européen 2028-2034 — estimé à 2 000 milliards d’euros — provoque des tensions, y compris au sein de son propre camp. « La politique agricole commune n’est pas une variable d’ajustement », a mis en garde Salvador de Meo, eurodéputé PPE, craignant une marginalisation des zones rurales.
Entre pressions budgétaires, crise énergétique persistante et débats sur la défense européenne, Ursula von der Leyen devra continuer à composer avec un Parlement fragmenté, tout en préservant son autorité.
Mais après cette double épreuve, un message s’impose, malgré les offensives répétées, Ursula von der Leyen conserve non seulement la confiance du Parlement, mais aussi le contrôle du jeu politique européen.