Les cours du pétrole ont connu une hausse notable en ce début de semaine, après l’annonce d’une levée partielle des réductions volontaires de production par huit membres de l’OPEP+. Cette décision, plus modérée que prévu, a rassuré les marchés inquiets d’un excès d’offre.
Selon les données publiées par Reuters et l’agence ILNA, le prix du Brent de la mer du Nord a progressé de 1,4 % pour atteindre 65,48 dollars le baril, tandis que le baril de West Texas Intermediate (WTI) gagnait 1,5 %, à 61,79 dollars.
Cette évolution intervient après que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés, réunis sous la bannière de l’OPEP+, ont annoncé dimanche une augmentation limitée de 137 000 barils par jour à partir de novembre. Une mesure jugée prudente, bien en deçà des anticipations du marché qui s’attendait à un relèvement pouvant aller jusqu’à quatre fois ce montant.
Les huit membres concernés — Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Oman et Algérie — avaient déjà relevé leurs objectifs de production d’environ 2,5 millions de barils par jour depuis avril. Leur nouvelle décision vise à stabiliser un marché fragilisé par la baisse récente des prix, sans provoquer une surabondance de l’offre.
D’après Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management, cette approche mesurée a permis un rééquilibrage immédiat du marché :
« Avant la réunion, le marché redoutait une hausse massive de la production, ce qui avait entraîné une forte chute des cours la semaine dernière. La décision finale, bien plus modérée, a calmé les inquiétudes. »
Selon plusieurs observateurs, la Russie aurait plaidé pour une augmentation limitée, invoquant ses contraintes de production dues aux sanctions occidentales et aux attaques de drones ukrainiens visant ses installations énergétiques. À l’inverse, l’Arabie saoudite aurait milité pour une hausse plus agressive afin de regagner des parts de marché perdues.
Cette décision intervient dans un contexte géopolitique tendu. Les sanctions renforcées des États-Unis et de l’Union européenne contre la Russie et l’Iran, ainsi que les frappes ukrainiennes sur la raffinerie de Krishi, l’une des plus grandes de Russie, continuent de perturber les flux d’approvisionnement mondiaux.
Les ministres des Finances du G7 ont par ailleurs réaffirmé leur intention de réduire les revenus pétroliers russes en sanctionnant les pays qui contournent les restrictions en vigueur.
Mais malgré cette pression sur l’offre, plusieurs analystes estiment que la demande mondiale demeure fragile.
« En l’absence de nouveaux moteurs de croissance et avec une incertitude persistante sur les perspectives économiques mondiales, les prix du pétrole devraient rester dans une fourchette étroite », explique Priyanka Sachdeva, analyste principale du marché.
Elle ajoute :« La demande saisonnière diminue à l’approche de l’hiver, et les données macroéconomiques ne montrent aucun signe d’un rebond durable. »
La saison mondiale de maintenance des raffineries, entamée en octobre, risque également de peser sur la demande de brut, tandis que la Chine pourrait accroître ses réserves stratégiques de près de 120 millions de barils entre octobre et mars, soit 600 000 à 700 000 barils par jour. Cette initiative pourrait, selon Bjarne Schieldrop de la banque SEB, « amortir la pression baissière sur les cours » en soutenant artificiellement la demande.
Les analystes s’accordent toutefois sur un point : la prudence de l’OPEP+ semble pour l’instant avoir évité une nouvelle chute brutale des prix, tout en maintenant une stabilité relative sur un marché où les équilibres demeurent fragiles.