Nous commençons cet article par une phrase prononcée par le célèbre footballeur professionnel Riyad Mahrez lors d’un match international de l’équipe nationale la semaine dernière, dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde. Le match s’est déroulé sur notre sol, devant notre public à Blida. La caméra de la chaîne diffusant le match a capté Riyad Mahrez en train de discuter avec le staff technique de l’équipe, s’interrogeant avec innocence sur l’absence d’eau lors d’un match officiel de football : « Y’a pas d’eau, frère ! » a-t-il dit, visiblement surpris. Lui qui, une semaine plus tôt, profitait de l’eau bénite de « Zamzam » dans le royaume frère d’Arabie saoudite, a parcouru de longues distances pour rejoindre notre pays malchanceux et être confronté à l’absence d’eau dans un pays qui, comme l’Arabie saoudite, regorge de mers de pétrole et de gaz. Pourtant, la différence entre le citoyen saoudien et le citoyen algérien est aussi grande que celle entre un citoyen américain et son homologue indien…
« Remonte ton pantalon, frère, y’a pas d’eau ! » Voilà le slogan des démunis ces jours-ci. L’absence d’eau potable, voire d’eau pour se laver, et la prolifération des déchets humains dans tous les coins de la république ont engendré une odeur nauséabonde qui asphyxie les hommes, les vaches, les arbres, les pierres et les pauvres. Ces derniers n’ont rien en tête, leur attention étant entièrement focalisée sur les succès des pays voisins, qu’ils cherchent à saboter et à détruire, voire à diviser. En effet, une bande maléfique a réussi à laver le cerveau des démunis, leur inculquant l’idée que l’Algérie est jalousée, qu’un complot universel est ourdi contre nous, et que tous les pays voisins sont des ennemis dont il faut se méfier. Il nous incombe donc de détruire ces pays, de les démanteler et de les diviser pour que, finalement, nous ayons le dessus et puissions dominer l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. « Pas d’eau ? Pas de problème. Pas de pain ? C’est normal. » L’essentiel est que les voisins ne se moquent pas de nous et ne nous surpassent pas dans la domination de l’Afrique, car nous sommes les « géants d’Afrique », même si nous faisons nos besoins en plein air, près des maisons, dans les cafés, derrière les mosquées, à côté des arbres et partout ailleurs. Peu importe, car nous possédons le « nif », ce sens de l’honneur qui a perdu l’odorat et la capacité à distinguer les odeurs, puisque l’odeur des excréments est devenue, en Algérie, une partie intégrante de l’air que nous respirons…
