Tripoli, 30 octobre 2025- Le grand mufti libyen, Cheikh Al-Sadiq Al-Gharyani, a déclenché une nouvelle tempête politique en s’en prenant frontalement à la Chambre des représentants de Tobrouk et à ses figures dominantes, Aqila Saleh et Khalifa Haftar. Dans une allocution diffusée télévisée au ton cinglant sur la chaîne Tanasuh TV, le guide religieux a accusé la Chambre d’être devenue « un instrument du pouvoir de Haftar », accusant ses dirigeants d’avoir « confisqué l’État, manipulé la loi et l’État, manipulé la loi et détourné les fonds publics au profit d’un régime autoritaire sous influence étrangère.
Al-Gharyani a qualifié le Parlement de « traître au peuple libyen », estimant qu’il avait « perdu toute légitimité politique et morale » en se mettant au service d’une élite militaro-politique installée à Benghazi. Selon lui, la Chambre « manipule la législation » afin de maintenir les privilèges du clan Haftar et d’assurer la continuité d’un système fondé sur la corruption et la soumission.
Le mufti a particulièrement dénoncé la gestion du Fonds de reconstruction, qu’il a assimilée à « une vaste opération de falsification monétaire et de détournement de fonds publics ». Il a par ailleurs fustigé la création à Benghazi d’une « prétendue Cour constitutionnelle du mal », présentée comme un outil de légitimation des abus de pouvoir et de l’impunité des responsables militaires.
Appelant les institutions souveraines — Banque centrale, Haute Commission électorale, Bureau d’audit et Autorité de contrôle administratif — à refuser toute soumission au Parlement de Tobrouk, Al-Gharyani a rappelé que « leur indépendance est garantie par la loi » et que toute tentative de révocation décidée par la Chambre serait « nulle et non avenue ».
Le mufti a également accusé Aqila Saleh et Khalifa Haftar de bloquer délibérément le processus électoral afin de prolonger leur mainmise sur les institutions de l’Est libyen. Les discussions autour du remplacement du président du Parlement ne seraient, selon lui, « qu’une mascarade orchestrée pour gagner du temps et perpétuer l’impasse politique ».
Dans un passage particulièrement virulent, il a dénoncé la dépendance du maréchal Haftar vis-à-vis de puissances étrangères, citant nommément les Émirats arabes unis, l’Égypte, la France, les États-Unis, ainsi que le soutien des mercenaires russes du groupe Wagner. « Sans ces appuis, Haftar ne tiendrait pas un seul jour sur le terrain », a-t-il affirmé, qualifiant son armée de « force d’occupation sous drapeau libyen ».
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