Le Sud de l’Algérie est plongé dans une crise sanitaire majeure, marquée par la résurgence inattendue de cas de paludisme et de diphtérie. Ces maladies, en particulier le paludisme, refont surface malgré la certification de l’OMS en 2019 déclarant le pays exempt de cette infection. Cette recrudescence, provoquée par l’importation de cas depuis les pays voisins, met en lumière non seulement les failles de la gestion sanitaire, mais menace également de compromettre plusieurs secteurs vitaux comme l’économie et le tourisme.
Cette crise sanitaire a un impact direct sur une économie déjà affaiblie par les récentes inondations ayant touché plusieurs wilayas. Face à l’urgence, les autorités algériennes ont tardivement mobilisé d’importantes ressources pour déployer des équipes médicales dans les régions du sud telles que Tamanrasset, In Guezzam et Bordj Badji Mokhtar. Cette mobilisation, bien que nécessaire, représente un coût significatif pour un budget d’État déjà sous pression.
Les zones concernées, en plus de leur isolement géographique, sont parmi les plus défavorisées du pays, avec une économie fragile. La crise actuelle perturbe gravement les activités locales, en particulier le commerce transfrontalier et l’agriculture, augmentant ainsi la pauvreté et la précarité dans ces régions. Ce contexte souligne l’insuffisance des infrastructures locales, incapables de gérer une telle épidémie, d’autant plus aggravée par la vulnérabilité des populations nomades, souvent négligées par les politiques publiques.
Autrefois prisé pour le tourisme d’aventure, le sud algérien, avec ses paysages uniques et ses sites historiques, voit son secteur touristique gravement menacé. Le paludisme, une maladie redoutée par les voyageurs, pourrait fortement dissuader les touristes de visiter ces régions, entraînant une baisse dramatique des revenus touristiques. Ce déclin risque de ternir durablement l’image de l’Algérie en tant que destination touristique sûre, retardant la relance d’un secteur encore fragilisé par la pandémie de COVID-19.
Les répercussions économiques sur le tourisme sont lourdes. Les agences de voyages, hôteliers et transporteurs locaux subissent des pertes considérables, aggravant la situation économique dans les zones touchées. Cette crise révèle une nouvelle fois l’absence de stratégies de prévention et de gestion des risques sanitaires, ainsi que le manque de développement d’infrastructures modernes qui auraient pu en atténuer les conséquences.
Malgré les efforts des autorités pour contenir la crise, la réponse institutionnelle demeure insuffisante et tardive. L’envoi d’équipes médicales et de matériel de protection est venu trop tard, après que plusieurs voix ont dénoncé l’urgence de la situation. Le manque de préparation face à cette crise, prévisible du fait de l’endémicité du paludisme dans les pays voisins, soulève de sérieux doutes sur la capacité du système de santé algérien à réagir efficacement aux urgences sanitaires.
L’appel à l’intervention du Premier ministre par de nombreux députés et figures locales met en lumière une gestion défaillante à l’échelle locale. La formation de marécages après les fortes pluies saisonnières, favorisant la prolifération des moustiques vecteurs de la maladie, aurait pu être anticipée par des mesures de prévention adéquates. Cela souligne une négligence structurelle de longue date, laissant les populations du sud face à des défis sanitaires et environnementaux majeurs.
La crise sanitaire qui frappe le sud de l’Algérie n’est pas seulement un défi temporaire. Elle expose des failles structurelles dans la gestion des crises et la capacité du pays à protéger ses populations vulnérables. Si des mesures radicales et durables ne sont pas prises, les conséquences économiques et sociales pourraient être dévastatrices. Cette incapacité des autorités à anticiper et à prévenir une telle situation met en lumière l’urgence d’une réforme en profondeur des infrastructures de santé publique, notamment dans les régions isolées.