En Algérie, nous vivons dans une société affamée au sens propre comme au figuré. Nos bouches, nos poches, nos esprits, et même nos cœurs sont affamés. Nous sommes un peuple affamé, entouré d’autres affamés, dans un système où la satisfaction demeure un mirage, quel que soit ce que l’on possède. Pendant ce temps, les généraux, avec leurs ventres gonflés et bien remplis, osent affirmer : « Nous mangeons, buvons et sommes satisfaits. » Mais la réalité crue est tout autre : nous sommes effectivement affamés, et c’est grâce à leur politique.
Sous la « sagesse » du général Saïd Chanegriha, le citoyen ordinaire peine à trouver de quoi manger et boire. Il lutte désespérément pour répondre à ses besoins essentiels, se débattant dans un marécage de corruption, de répression et d’hypocrisie. Ce marécage, empli d’injustices et d’oppression, contraint les Algériens à se battre chaque jour pour leur survie. Ils plongent quotidiennement dans cette boue, infestée de « scorpions » et de « cancers », pour tenter de nourrir leurs enfants affamés, se contentant souvent d’un peu de pain sec. Mais même cela ne suffit pas, car ces « scorpions » ne les laissent pas tranquilles, refusant de les voir grappiller le minimum pour vivre.
La politique des généraux a engendré une pénurie criante de produits alimentaires. Les longues files d’attente devant les magasins ne sont qu’un exemple parmi d’autres de la misère généralisée. Certains produits, autrefois banals, sont désormais perçus comme des biens de luxe. La banane, par exemple, est devenue un symbole de cette crise : un fruit que seuls les riches peuvent désormais se permettre.
L’histoire tragique survenue hier illustre cette réalité brutale. À Khenchela, un vieillard de 71 ans a été victime d’une agression violente. Alors qu’il revenait du marché avec un sac de bananes et quelques légumes, deux jeunes hommes l’ont intercepté. Ils lui ont demandé de leur remettre ses courses, et face à son refus, ils l’ont aspergé de gaz lacrymogène, battu violemment, ligoté, puis jeté sur la route avant de s’enfuir avec son maigre butin. Gravement blessé, il a été secouru par des passants qui l’ont transporté à l’hôpital. Son état est critique. Une enquête a été ouverte par les autorités locales pour retrouver les agresseurs.
En Algérie, sous ce régime, même la dignité humaine est devenue un luxe. Et aujourd’hui, une banane vaut plus qu’une vie.