La Colombie a enregistré la plus grande saisie de cocaïne de la décennie, une opération qui illustre l’intensité de la lutte antidrogue dans le pays et les tensions géopolitiques qui l’entourent. Au port stratégique de Buenaventura, sur la côte Pacifique, les forces de l’ordre ont intercepté 14 tonnes de cocaïne, dissimulées dans des sacs mélangés à du plâtre et destinées aux Pays-Bas. Selon les autorités, cette saisie a permis d’empêcher la circulation de 35 millions de doses, pour une valeur estimée à plus de 388 millions de dollars.
Le président Gustavo Petro a salué l’opération, la qualifiant de « plus importante réalisée par la police colombienne au cours de la dernière décennie », et a insisté sur le fait qu’elle s’était déroulée sans aucun décès, un résultat rare dans des opérations de cette ampleur. Une vidéo diffusée par la présidence montre des policiers et des chiens d’intervention prenant d’assaut l’entrepôt, illustrant la précision et la coordination de l’opération.
Cette saisie intervient dans un contexte de fortes pressions internationales, notamment de la part des États-Unis. L’administration de Donald Trump a accusé Petro, son épouse Veronica del Socorro Alcocer Garcia, son fils Nicolas Fernando Petro Burgos et le ministre colombien de l’Intérieur, Armando Alberto Benedetti, d’être impliqués dans le trafic de drogue. Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a affirmé que Petro avait laissé les cartels prospérer et avait refusé de mettre fin à cette activité, soulignant que la production de cocaïne en Colombie atteignait des niveaux sans précédent depuis des décennies, inondant les États-Unis et affectant directement la population américaine.
Pour sa part, Petro a publié ses relevés bancaires afin de démontrer qu’il n’avait aucun lien avec le trafic de drogue et a dénoncé la stratégie antidrogue américaine, critiquant notamment les bombardements de bateaux soupçonnés de transporter de la cocaïne comme des « exécutions extrajudiciaires ». Le président colombien a insisté sur le besoin d’une coopération régionale équilibrée et respectueuse de la souveraineté nationale pour lutter efficacement contre le trafic de drogue.
Cette opération s’inscrit dans un effort régional plus large. Au cours du dernier mois et demi, 195 tonnes de cocaïne ont été saisies lors d’opérations conjointes entre la Colombie et d’autres pays partenaires, illustrant l’ampleur du trafic et la mobilisation des forces de sécurité. Elle intervient également alors que la Bolivie annonce le retour de la DEA, 17 ans après son expulsion par l’ancien président Evo Morales, afin de renforcer les efforts du nouveau gouvernement conservateur dirigé par Rodrigo Paz. Ernesto Justiniano, le responsable de la lutte antidrogue bolivienne, a souligné que la coopération internationale était essentielle et que la Bolivie ne voulait plus agir de manière isolée dans ce domaine stratégique.
Sur le plan géopolitique, cette saisie intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Washington et plusieurs pays sud-américains, dont la Colombie et le Venezuela. Les États-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région, stationnant davantage de navires de guerre et menant des frappes ciblées contre des embarcations suspectées de transporter de la drogue. Caracas a dénoncé ces mesures comme un prétexte pour exercer une pression politique sur le président Nicolás Maduro, alimentant la crainte d’une escalade militaire dans la région.
Cette saisie de 14 tonnes de cocaïne démontre la capacité opérationnelle des forces colombiennes, mais met également en lumière les défis persistants , la corruption, la pression internationale et la sophistication des réseaux de narcotrafic. Si la Colombie affirme sa volonté de combattre le trafic de manière souveraine et efficace, le pays reste au cœur d’un enjeu stratégique majeur, où la drogue, la politique intérieure et les relations internationales sont étroitement liées.


























