Les prix du pétrole ont poursuivi leur chute lundi 24 novembre, prolongeant une baisse d’environ 3 % enregistrée la semaine précédente. Cette dégringolade est alimentée par un mélange explosif d’incertitudes géopolitiques et économiques : l’éventualité d’un accord de paix en Ukraine, fortement pressé par Donald Trump, et les spéculations autour d’une baisse prochaine des taux d’intérêt américains.
Sur les marchés, la réaction est immédiate. Le Brent a perdu 58 cents (-0,9 %), s’établissant à 61,98 dollars le baril, tandis que le WTI a reculé de 60 cents (-1 %) pour atteindre 57,46 dollars. Une chute d’autant plus paradoxale que les sanctions américaines imposées le 20 novembre à Rosneft et Lukoil auraient normalement dû soutenir les prix.
Mais l’hypothèse qui domine désormais est tout autre : si la paix négociée par Washington permet un allègement des sanctions, le pétrole russe pourrait revenir massivement sur le marché mondial, bouleversant l’équilibre fragile de l’offre. Pour les investisseurs, le message est clair : une réintégration accélérée de Moscou entraînerait une vague de barils capable d’écraser les prix et de rebattre les cartes pour tous les producteurs, de l’OPEP+ aux États-Unis.
Jorge Montepec, PDG d’Onyx Capital Group, résume parfaitement le sentiment général : « Le marché se concentre désormais sur le traité de paix en Ukraine et sur l’économie américaine. Les sanctions auraient dû raffermir les prix, mais l’espoir d’un accord favorable à Moscou a inversé la dynamique. »
Cette volatilité est amplifiée par l’agenda politique américain. Donald Trump a fixé au jeudi 25 décembre une date butoir pour parvenir à un accord entre Kiev et Moscou, malgré les critiques selon lesquelles la première version du texte était trop favorable à la Russie. Le secrétaire d’État Marco Rubio a néanmoins reconnu que cette échéance pourrait ne pas être respectée, alimentant encore l’incertitude.
À cela s’ajoute un autre facteur clé : la politique monétaire de la Réserve fédérale. John Williams, président de la Fed de New York, a laissé entendre qu’une baisse des taux pourrait intervenir dès décembre, renforçant les anticipations d’un assouplissement. Selon Suganda Sachdeva, fondatrice de SS WealthStreet, cette perspective pourrait raviver l’appétit pour le risque à l’échelle mondiale et limiter la spirale pessimiste actuelle.
Depuis le début de l’année, le pétrole brut a perdu près de 17 % de sa valeur, reflétant un sentiment négatif tenace. Certains analystes estiment toutefois que ces niveaux déprimés pourraient attirer des achats à valeur ajoutée, laissant entrevoir une possible stabilisation.



























