Le guide suprême iranien, Ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que son pays continuerait de revenir sur ses engagements dans le cadre de l’accord de 2015 sur le nucléaire. Il a critiqué les signataires européens pour ne pas avoir rempli leurs obligations.
Les déclarations du dirigeant iranien ont été publiées sur son site internet mardi. Il a reproché à l’Europe de ne respecter aucun des 11 engagements pris dans le cadre de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien en 2015 (JCPOA).
L’une d’elles inclut «l’abstention de toute politique visant à nuire à la normalisation des relations économiques avec l’Iran».
«Nous avons respecté nos engagements et même au-delà. Maintenant que nous avons commencé à réduire nos engagements, ils [Europe] s’y opposent. C’est insolent!», a déclaré Khamenei sur son site internet.
Roxane Farmanfarmaian, une conférencière britannique en politique internationale à l’Université de Cambridge, décrit cette déclaration comme un geste fort et symbolique.
« C’est Ali Khamenei qui dit aux Européens que notre économie est en ruine à cause des sanctions et que nous avons besoin de vous pour commencer à faire la différence », a-t-elle déclaré.
La semaine dernière, le 8 juillet, l’agence nucléaire iranienne a annoncé qu’elle avait enrichi de l’uranium à 4,5% de pureté et envisageait de le porter à 20% dans 60 jours.
« Les Iraniens ont estimé qu’ils étaient injustement condamnés par les Européens parce qu’ils ont respecté l’accord tout au long de l’année écoulée depuis que les États-Unis ont quitté l’accord [en 2018] et ont imposé des sanctions à l’Iran », a déclaré Farmanfarmaian.
Elle a dit que la légère augmentation du niveau d’enrichissement n’était pas une décision de l’Iran de montrer au monde qu’il envisageait de redémarrer son programme nucléaire. Au lieu de cela, c’est un signe pour les Européens que l’impact des sanctions américaines a été considérable et « ils ont besoin que les Européens commencent à les aider financièrement ».
Federica Mogherini, responsable de la politique étrangère de l’UE, a déclaré lundi 15 juillet à la suite d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne à Bruxelles que les parties restantes n’avaient pas l’intention d’invoquer le mécanisme de l’accord pour sanctionner le non-respect pour le moment.
Mogherini a ajouté que les données actuelles de la surveillance nucléaire des Nations Unies ne considéraient pas que les récentes mesures prises par l’Iran constituent une « non-conformité significative ».
«Cet accord visait essentiellement à offrir à l’Iran des avantages économiques en contrepartie d’une réduction de son programme nucléaire.
« Les Iraniens ont rempli leurs engagements et ont réduit leur programme nucléaire et l’Occident ne leur a jamais apporté d’avantages économiques », a déclaré Farmanfarmaian.
Lundi, alors qu’il se trouvait en Serbie, le président Macron a déclaré qu’il s’entretiendrait avec le président iranien Hassan Rohani – à sa demande – ainsi qu’avec le président russe, Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump.
« La dynamique que nous avons créée ces dernières semaines a, je pense, empêché le pire de se produire et des réactions excessives du côté iranien », a déclaré Macron. « Dans ces conditions difficiles, nous poursuivrons notre travail de médiation et de négociation ».
Farmanfarmaian a déclaré qu’inclure la Russie était une bonne chose. «Je suggérerais que Macron ait besoin d’élargir encore cette idée et d’impliquer les Chinois. Parce qu’eux aussi ne sont pas affectés par les problèmes financiers des États-Unis et qu’ils continuent à importer du pétrole iranien. Ils ont clairement montré qu’ils ne coopéreraient pas aux sanctions contre l’Iran », a ajouté Farmanfarmaian.
Selon elle, la Russie et la Chine ont toutes les deux la capacité de mettre en place des mécanismes susceptibles d’aider les Iraniens à renforcer leur sécurité financière.