Le Sénégal se trouve en pleine impasse politique suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye. Annoncée le 12 septembre 2024, cette décision, bien que prévue, constitue un moment décisif dans un contexte de blocage institutionnel. Elle représente un point de bascule majeur pour le président Faye, qui se trouve désormais confronté à l’urgence de constituer une majorité parlementaire capable de soutenir les réformes promises lors de l’élection présidentielle de mars..
Ce coup de théâtre se déroule dans un climat de tensions politiques croissantes, alors que le président Bassirou Diomaye Faye cherche ardemment à consolider son autorité législative pour concrétiser ses projets de réformes . Élu avec 54 % des voix, Faye se trouvait sans la majorité nécessaire à l’Assemblée nationale, dominé par une opposition majoritairement composée des anciens alliés de Macky Sall sous la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY). Cette situation a engendré une instabilité politique palpable, marquée par des boycotts et le rejet de projets de lois essentiels.
Face à cette paralysie institutionnelle, la dissolution de l’Assemblée s’est imposée comme une mesure incontournable pour relancer l’action gouvernementale. Les élections législatives anticipées, prévues pour le 17 novembre, seront déterminantes pour Faye et son parti, le Pastef. Avec seulement 23 députés sur 165 dans la coalition Yewwi Askan Wi, le Pastef doit impérativement obtenir une majorité qualifiée pour faire adopter ses réformes constitutionnelles, nécessitant l’approbation des trois cinquièmes des députés. La réussite de la stratégie de Faye dépendra donc de sa capacité à former des alliances solides pour obtenir une majorité parlementaire stable, essentielle à la mise en œuvre de ses ambitions de transformation nationale.
Le timing de cette dissolution, intervenu à la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, a suscité des interrogations. Cette manœuvre pourrait avoir été orchestrée pour éviter une motion de censure déposée par l’opposition, préservant ainsi le gouvernement d’un potentiel renversement avant les élections. Sonko, figure emblématique du Pastef, devrait jouer un rôle central lors de ces élections législatives, en étant probablement tête de liste nationale.
De son côté, l’opposition, autrefois solide sous Macky Sall, semble affaiblie. La récente dissolution de la coalition BBY par l’ancien président a laissé un vide politique, exacerbé par la création d’un nouveau parti par Amadou Ba, ancien premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle. Cette fragmentation et ce manque de leadership clair dans l’opposition pourraient jouer en faveur du président Faye lors de cette élection cruciale.
En somme, les élections législatives de novembre s’annoncent comme une véritable course contre la montre pour le Pastef et le président Faye, qui doivent impérativement remporter une majorité parlementaire pour éviter que la seconde moitié de leur mandat ne soit aussi complexe que la première.