Le Pérou observe trois jours de deuil national suite au décès d’Alberto Fujimori, ancien président du pays, survenu le 11 septembre 2024 à l’âge de 86 ans. Après une longue lutte contre le cancer, Fujimori laisse derrière lui un héritage profondément controversé, entre succès économiques et dérives autoritaires.
Dirigeant le Pérou de 1990 à 2000, Fujimori est surtout connu pour sa détermination à éradiquer les guérillas maoïstes du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru. Ses partisans louent sa capacité à rétablir l’ordre et à instaurer une prospérité économique grâce à des réformes néolibérales radicales, transformant l’économie péruvienne. Certains, comme Milagros Parra, une Péruvienne de 54 ans, se souviennent avec gratitude de la stabilité et de la sécurité apportées durant son mandat.
Cependant, cette stabilité a été acquise au prix de graves violations des droits humains. Fujimori a utilisé des méthodes controversées pour lutter contre les guérillas, engendrant des abus, dont les massacres de civils par les forces militaires sous son commandement. Condamné pour corruption et crimes contre l’humanité, il a purgé 16 ans de prison avant d’être libéré en 2017 pour des raisons humanitaires.
La déclaration de deuil national et les trois jours de commémoration mettent en lumière la division persistante du pays quant à l’héritage de Fujimori. La présidente Dina Boluarte, bien que présente lors de la veillée funèbre, a choisi de ne pas faire de déclaration, illustrant la sensibilité entourant la figure de l’ancien président.
Les réactions des Péruviens sont partagées : certains saluent les contributions économiques et sécuritaires de Fujimori, tandis que d’autres soulignent les abus et la corruption de son administration. Isabel Perez, infirmière, qualifie Fujimori de « meilleur président » du Pérou, alors qu’Elizabeth Martinez le qualifie de « dictateur ».
Le débat sur l’héritage de Fujimori est également influencé par la politique actuelle. Sa fille, Keiko Fujimori, demeure une figure influente dans la politique péruvienne malgré ses échecs électoraux récents. De plus, la récente loi péruvienne sur la prescription des crimes contre l’humanité, qui aurait pu bénéficier à Alberto Fujimori, ajoute une dimension législative au débat sur son passé.
La fin de son règne soulève des questions fondamentales sur la gouvernance, les droits humains et les valeurs démocratiques. Le Pérou se trouve à un carrefour, réfléchissant à son passé et à son avenir en prenant la mesure des contradictions et des impacts durables laissés par Alberto Fujimori.