Les tensions autour du soutien potentiel de la Corée du Nord à la Russie dans la guerre contre l’Ukraine ont fait l’objet de nombreux débats ces dernières semaines. Des informations émanant de sources sud-coréennes et ukrainiennes laissent entendre que des milliers de soldats nord-coréens auraient été déployés pour prêter main-forte à Moscou. Toutefois, ni la Russie, ni la Corée du Nord n’ont officiellement confirmé ces rapports, et les autorités américaines ainsi que l’OTAN estiment qu’il n’y a pas encore de preuves tangibles de leur participation directe aux combats.
Le soutien de Pyongyang à la Russie ne serait pas une surprise complète dans le cadre des relations internationales actuelles. En juin 2023, Vladimir Poutine et Kim Jong-un ont signé un traité de partenariat stratégique global, qui stipule qu’en cas d’agression, les deux parties s’engagent à s’entraider militairement. Cela pourrait expliquer les rumeurs récentes autour de l’envoi de forces spéciales nord-coréennes, mais les détails restent flous, notamment sur la nature exacte de cette assistance.
Selon des rapports du service national de renseignement sud-coréen, la Corée du Nord aurait envoyé jusqu’à 12 000 soldats d’élite, qui auraient débarqué en Russie à bord de navires de guerre. Ils seraient en cours de formation avant d’être déployés sur la ligne de front russo-ukrainienne. Cependant, ces informations sont en contradiction avec les déclarations officielles de la Russie, qui qualifie ces allégations de « fausses informations ».
Les forces spéciales nord-coréennes, souvent présentées comme l’une des composantes les plus redoutables de l’armée populaire coréenne, seraient le fer de lance de cette éventuelle intervention. Avec environ 200 000 soldats dans ses rangs, ces unités sont réputées pour accomplir les missions les plus difficiles. Leur formation, intensément rigide et violente, les rend capables d’opérer dans des conditions extrêmes. Un expert sud-coréen, Kim Dae-young, a souligné que la puissance de combat individuelle de ces soldats est deux fois supérieure à celle d’un soldat d’infanterie ordinaire. En outre, leur capacité à manier des armes lourdes, telles que des missiles antichars, en ferait des renforts de choix pour la Russie dans ses batailles les plus féroces.
Cependant, certains analystes, comme Valery Ryabih, rédacteur en chef d’un magazine militaire ukrainien, remettent en question l’impact que ces soldats pourraient avoir sur le terrain. Ils avancent que les différences culturelles et linguistiques entre les Nord-Coréens et les Russes pourraient limiter l’intégration de ces troupes dans l’armée russe, ralentissant ainsi leur déploiement effectif. Ryabih estime que ces forces pourraient être mieux utilisées pour défendre des zones frontalières comme Koursk, plutôt que d’être directement engagées dans les combats en première ligne.
Si la Corée du Nord a déjà envoyé du personnel militaire à l’étranger, notamment pour soutenir l’Égypte pendant la guerre du Kippour en 1973 ou encore la guerre du Vietnam, l’envoi de forces terrestres en Russie constituerait un précédent. Jusqu’à présent, Pyongyang a privilégié des soutiens limités, souvent via des technologies ou des équipements. Cependant, face à l’évolution du conflit ukrainien, une participation plus directe n’est pas à exclure.
Bien que les spéculations sur l’implication des forces spéciales nord-coréennes dans la guerre en Ukraine persistent, les preuves manquent pour valider ces affirmations. En l’absence de déclarations officielles de la Corée du Nord et de la Russie, il est difficile d’évaluer la portée réelle de cette intervention. Néanmoins, si ces troupes venaient à être déployées en nombre significatif, cela pourrait non seulement renforcer la Russie, mais aussi transformer le conflit en un théâtre de guerre internationale plus complexe, comme l’a averti le président ukrainien Zelensky. La situation reste donc à suivre de près, car l’évolution de cette coopération pourrait bien redéfinir les dynamiques actuelles du conflit.