Le Tchad a récemment reçu un prêt massif de 500 millions de dollars des Émirats arabes unis (EAU), octroyé par le Fonds d’Abu Dhabi pour le développement. Cet appui financier, équivalant à 15 % du budget annuel tchadien, intervient dans un contexte où le pays fait face à de graves crises, notamment des inondations qui ont déplacé des milliers de personnes et perturbé les infrastructures essentielles. Cependant, bien que ce prêt soit salué pour ses conditions avantageuses — un taux d’intérêt de seulement 1 % sur une période de 18 ans —, il suscite des interrogations quant à ses contreparties et ses répercussions à long terme.
Le prêt des Émirats arrive à un moment où le Tchad est confronté à des défis majeurs. Les inondations de 2024 ont touché près de deux millions de personnes, exacerbant les besoins en aide humanitaire et en infrastructures. Le gouvernement tchadien, sous la direction de Mahamat Idriss Déby, se voit donc contraint de chercher des solutions pour stabiliser l’économie et répondre aux urgences. Cette somme de 500 millions de dollars, déjà validée par le Conseil national de transition, permettra ainsi de renforcer la capacité de l’État à répondre aux crises tout en soutenant des investissements massifs, notamment dans les services de base et les infrastructures.
Selon les autorités tchadiennes, les conditions financières de ce prêt sont extrêmement avantageuses pour un pays qui souffre traditionnellement de taux d’intérêt élevés sur le marché régional des capitaux. Le ministre des Finances, Tahir Hamid Nguilin, a souligné que ce prêt représentait presque un « don » déguisé, puisque 42 % du montant peut être considéré comme tel en raison des conditions avantageuses. Toutefois, cette perception positive ne fait pas l’unanimité.
Certains observateurs craignent que ce prêt ne vienne renforcer la dépendance du Tchad vis-à-vis des Émirats arabes unis. En effet, le Tchad a été pointé du doigt pour ses liens présumés avec les forces paramilitaires soutenues par les Émirats au Soudan, des accusations que N’Djamena dément fermement. Ces soupçons, combinés à la question des contreparties potentielles, alimentent les préoccupations quant à l’influence grandissante des Émirats dans la région.
Le rapprochement entre le Tchad et les Émirats arabes unis s’inscrit dans une dynamique plus large de diplomatie régionale. Certains experts estiment que ce prêt n’est pas uniquement motivé par des raisons économiques, mais qu’il s’agit également d’une récompense pour l’alignement stratégique du Tchad sur les positions des Émirats. Ce prêt pourrait ainsi renforcer la place du Tchad dans l’échiquier géopolitique régional, mais aussi accentuer son rôle dans les conflits et tensions environnants, notamment au Soudan.