Les législateurs nicaraguayens ont approuvé une série d’amendements constitutionnels consolidant l’autorité du président Daniel Ortega et de son épouse, Rosario Murillo, déjà vice-présidente, dans un contexte marqué par des accusations de répression et d’autoritarisme.
Les réformes, votées à l’unanimité par 91 législateurs, élèvent Murillo au rang de « co-présidente » et prolongent le mandat présidentiel de cinq à six ans. Elles élargissent également le contrôle exécutif sur les médias et renforcent la coordination des pouvoirs législatifs, judiciaires et électoraux sous l’autorité directe du couple présidentiel.
Ce projet, soumis en urgence par Ortega, devra encore être validé en 2025 pour entrer en vigueur, conformément à la Constitution du pays.
Ces amendements permettent également de déchoir de leur citoyenneté les « traîtres à la patrie », une pratique déjà mise en œuvre contre des centaines d’opposants, journalistes et intellectuels critiques envers le gouvernement.
Depuis les manifestations de masse de 2018, violemment réprimées avec un bilan de 300 morts selon l’ONU, Ortega a multiplié les arrestations de figures de l’opposition et contraint des milliers de citoyens à l’exil. Plus de 5 000 ONG ont été fermées, accentuant l’isolement du pays.
Ces réformes ont été qualifiées de « coup fatal à l’état de droit démocratique » par l’Organisation des États américains (OEA). L’exilé Félix Maradiaga, ancien candidat à la présidence, a dénoncé une tentative de légaliser un régime familial et totalitaire, le comparant au modèle nord-coréen.
Les États-Unis et l’Union européenne, déjà engagés dans des sanctions contre Managua, pourraient intensifier leurs mesures face à cette consolidation autoritaire.
Avec ces amendements, Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007 après un premier mandat dans les années 1980, semble chercher à perpétuer un système où l’opposition est muselée et les critiques réduites au silence. Ces évolutions suscitent de vives inquiétudes quant à l’avenir démocratique du Nicaragua et ses relations avec la communauté internationale.