Le 30 décembre 2024, un événement majeur a eu lieu dans le cadre des efforts continus des États-Unis pour réduire la population carcérale à Guantanamo : le rapatriement de Ridah Ben Saleh al-Yazidi, un détenu tunisien de 59 ans, vers son pays d’origine après plus de deux décennies d’incarcération. Arrêté en 2002, al-Yazidi avait été soupçonné de liens avec Al-Qaïda, mais n’a jamais été formellement inculpé ni jugé. Cette situation a suscité de vives critiques internationales, notamment concernant la prolongation de sa détention sans fondement juridique, une violation perçue des droits humains.
Ce rapatriement fait suite à un long processus diplomatique qui a débuté il y a plus de dix ans, lorsqu’al-Yazidi avait été jugé inéligible à un procès et déclaré transférable vers un autre pays sous l’administration Obama. Toutefois, des obstacles administratifs et des préoccupations sécuritaires ont retardé son transfert, mettant en lumière la complexité des procédures pour réduire la population de Guantanamo. Ce transfert, le quatrième en décembre 2024, s’inscrit dans les efforts de l’administration Biden pour réduire le nombre de détenus à Guantanamo, mais la fermeture totale de la prison demeure un objectif difficile à atteindre.
Malgré les initiatives de réduction de la population carcérale et les promesses faites par les présidents Obama et Biden pour fermer définitivement Guantanamo, la tâche se heurte à des résistances internes. Les opposants à la fermeture de la prison, notamment certains membres du Congrès et de l’armée, soulignent les risques de sécurité associés à la libération de certains détenus. Ce retard dans la fermeture de Guantanamo fait perdurer la stigmatisation des États-Unis à l’échelle internationale, la prison étant considérée comme un symbole des abus liés à la « guerre contre le terrorisme ».
Le cas de Ridah Ben Saleh al-Yazidi, qui a été accepté par la Tunisie malgré les accusations de liens avec Al-Qaïda, souligne les défis diplomatiques de ces rapatriements. De nombreux pays restent réticents à recevoir des détenus de Guantanamo, notamment en raison des risques perçus de réintégration et des préoccupations sécuritaires. Le processus de réintégration des anciens détenus, comme al-Yazidi, reste également un sujet délicat à la fois sur le plan diplomatique et au niveau des droits humains.
Le rapatriement d’al-Yazidi, bien que symbolique, ne résout pas la question de la fermeture de Guantanamo. Si des progrès ont été réalisés, avec la réduction du nombre de détenus, 26 prisonniers restent encore dans cette prison, dont 14 sont éligibles pour un transfert. La fermeture définitive de Guantanamo, si elle a été promise, reste un défi complexe.