Le président de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a été condamné mercredi à un an de prison ainsi qu’à une interdiction politique de six ans par un tribunal bosniaque. Cette décision a secoué la Bosnie-Herzégovine, où Dodik, président de la Republika Srpska, est accusé d’avoir défié l’autorité du haut représentant international, chargé de superviser l’application de l’accord de paix de Dayton de 1995.
Dodik a été reconnu coupable de ne pas avoir mis en œuvre les décisions du haut représentant, Christian Schmidt. L’affaire remonte à juillet 2023, lorsque lui et Milos Lukic, alors directeur par intérim du Journal officiel de la Republika Srpska, ont refusé d’appliquer des décisions empêchant l’entrée en vigueur de deux lois. Si Lukic a été acquitté, Dodik a écopé d’une peine d’un an de prison et d’une interdiction d’exercer toute fonction politique pendant six ans.
L’absence de Dodik et de ses avocats lors du verdict témoigne de sa stratégie de confrontation avec les institutions judiciaires du pays. Il dispose toutefois du droit de faire appel.
Depuis le début du procès, Dodik a orchestré une pression constante sur la justice, mobilisant ses partisans devant le tribunal à chaque audience. Sa condamnation risque d’attiser davantage les tensions ethniques en Bosnie-Herzégovine, où la Republika Srpska, entité majoritairement serbe, revendique une autonomie renforcée face aux autorités centrales de Sarajevo.
Le poste de haut représentant a été institué par l’accord de Dayton, qui a mis fin à la guerre de 1992-1995. Il dispose de pouvoirs exceptionnels lui permettant de destituer des responsables politiques et d’adopter des lois si nécessaire. Depuis sa nomination, Christian Schmidt s’est heurté à l’hostilité de Dodik, qui remet en cause sa légitimité et refuse de reconnaître ses décisions.
Cette condamnation constitue un précédent majeur pour la Bosnie-Herzégovine. Si la peine venait à être confirmée en appel, elle pourrait fragiliser la position de Dodik et alimenter des tensions au sein de la Republika Srpska, où il bénéficie encore d’un fort soutien populaire.