La rencontre entre le président français Emmanuel Macron et le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), marque une avancée notable dans les relations franco-libyennes. Dans un contexte où la Libye demeure dévastée par des divisions politiques et sécuritaires, cet entretien symbolise la volonté de Paris d’accompagner le pays vers la stabilité et la reconstruction. Cependant, cette démarche soulève également des questions concernant l’équilibre de la diplomatie française en Libye.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye peine à retrouver un équilibre politique et institutionnel. Le pays est aujourd’hui divisé entre deux pôles de pouvoir principaux : à l’ouest, le Gouvernement d’union nationale (GUN) basé à Tripoli, et à l’est, l’Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par Khalifa Haftar. Malgré ces tensions, la communauté internationale persiste à encourager un dialogue inclusif pour une solution politique durable. Dans cette optique, l’entretien entre Macron et Haftar a pris une importance particulière, illustrant la volonté de la France de jouer un rôle dans la réconciliation nationale.
En accueillant Haftar à l’Élysée, Emmanuel Macron a réaffirmé l’engagement de la France pour un processus de paix qui prend en compte les réalités du terrain et les aspirations des Libyens. Mais cette approche suscite des interrogations sur l’équilibre diplomatique de la France, qui doit jongler avec les soutiens internationaux au GUN tout en maintenant des liens avec un acteur aussi influent que Haftar.
Les discussions entre les deux dirigeants ont porté sur plusieurs questions cruciales. Le communiqué de l’ANL a souligné que les échanges avaient abordé « les développements du processus politique en Libye et l’importance de soutenir les efforts de la mission de l’ONU ». Ce dialogue s’inscrit dans un désir partagé de renforcer la coopération bilatérale, notamment sur la stabilité politique et la lutte contre les menaces sécuritaires. La France, tout en soutenant le GUN reconnu par l’ONU, entretient une relation pragmatique avec Haftar, consciente de son influence sur une grande partie du territoire libyen.
Cependant, certains observateurs pointent un possible soutien tacite à Haftar, ce qui pourrait fragiliser l’idée d’un dialogue réellement inclusif. L’Élysée, pour sa part, insiste sur la nécessité d’impliquer toutes les parties pour parvenir à une paix durable.
Au-delà des aspects politiques, la France et la Libye partagent des intérêts cruciaux en matière de sécurité et d’économie. Le sud libyen, notamment, reste une région instable, marquée par la prolifération des groupes armés et des trafics illégaux. La lutte contre le terrorisme et la maîtrise des flux migratoires en Méditerranée constituant des communes prioritaires. Paris voit en Haftar un partenaire clé pour lutter contre l’extrémisme, dans un pays où l’instabilité génère de multiples menaces.
Sur le plan économique, la Libye représente un partenaire stratégique pour la France, notamment dans le secteur énergétique. Les entreprises françaises, à l’instar de TotalEnergies, ont des investissements significatifs dans les ressources pétrolières libyennes. La stabilité du pays est donc essentielle pour préserver ces intérêts, mais aussi pour garantir la sécurité de la région