Le président indonésien Prabowo Subianto a annoncé hier la suppression d’une indemnité controversée versée aux députés, tout en affichant une fermété totale face aux manifestations, qu’il a qualifiées de « trahison et de terrorisme ».
Depuis lundi, l’Indonésie est secouée par des manifestations violentes, marquées par la mort de trois personnes vendredi à Makassar, sur l’île des Célèbes du Sud, lors de l’incendie d’un bâtiment public provoqué par des émeutiers. Une autre personne a été tuée dans la même ville, battue par la foule qui la soupçonnait d’être un agent de renseignement, selon Muhammad Fadli Tahar, responsable de l’agence locale de gestion des catastrophes. Jeudi, la mort d’un jeune chauffeur de moto-taxi à Jakarta, écrasé par un véhicule de police, a également enflammé les tensions.
Lors de son allocution, Prabowo a rappelé que « le droit de réunion pacifique doit être respecté et protégé », tout en avertissant que certaines actions illégales relevaient de « la trahison et du terrorisme ». Le président, au pouvoir depuis dix mois, a indiqué que le Parlement allait annuler plusieurs mesures, notamment le montant des indemnités des députés, sans préciser exactement quelle allocation serait concernée. Les manifestations de cette semaine se sont concentrées sur une allocation de logement accordée aux parlementaires, près de dix fois supérieure au salaire minimum à Jakarta.
Les rassemblements ont débuté pour protester à la fois contre les bas salaires et le traitement privilégié des élus. La vidéo virale montrant la mort du jeune chauffeur de moto-taxi a exacerbé la colère. Prabowo a promis une enquête transparente sur ce décès, tandis que sept agents de police ont été arrêtés.
Le ministre de la Défense, Sjafrie Sjamsoeddin, a averti que les forces de l’ordre n’hésiteraient pas à prendre des mesures fermes contre les émeutiers et les pillards. La résidence de la ministre des Finances, Sri Mulyani Indrawati, ancienne directrice générale de la Banque mondiale, a été pillée samedi soir à Jakarta, en son absence. Les domiciles d’au moins trois députés ont également été attaqués.
Les manifestations se sont étendues à plusieurs grandes villes, notamment Yogyakarta, Bandung, Semarang, Surabaya sur l’île de Java, ainsi que Medan sur Sumatra. Samedi, sur l’île de Lombok, des manifestants ont pris d’assaut et incendié le bâtiment du conseil local de Mataram, malgré l’usage de gaz lacrymogènes par la police.
Pour les organisations de défense des droits humains, la déclaration de Prabowo ne suffira pas à calmer les tensions. « La déclaration du Président était insensible aux plaintes et aspirations de la population », a affirmé Usman Hamid, directeur exécutif d’Amnesty International Indonésie.
Par mesure de sécurité, TikTok a temporairement suspendu sa fonctionnalité « live » en Indonésie, tandis que la police renforce ses patrouilles dans la capitale. Certaines écoles internationales ont annoncé un passage à l’enseignement en ligne, et les fonctionnaires de Jakarta sont invités à travailler à domicile.