Le gouvernement britannique a annoncé lundi la suspension temporaire du mécanisme de regroupement familial pour les réfugiés, en réponse directe au plan anti-immigration présenté la semaine dernière par Nigel Farage, leader du parti minoritaire Reform UK. Farage propose l’expulsion massive des étrangers en situation irrégulière et l’emprisonnement de toute personne franchissant illégalement les frontières, avec des mesures extrêmes excluant toutefois les femmes et les filles dans un rectificatif ultérieur.
Le Premier ministre Keir Starmer a justifié cette décision en affirmant comprendre les inquiétudes de la population, tout en critiquant Farage et son parti pour leurs « idées fantaisistes qui ne fonctionneront pas ». Starmer a accusé la droite ultranationaliste de se nourrir des griefs populaires plutôt que de proposer des solutions réalistes, et a défendu la priorité donnée aux droits des réfugiés dans un contexte de manifestations xénophobes et ultranationalistes dans plusieurs villes britanniques cet été.
Face à une pression migratoire sans précédent et à la montée de manifestations xénophobes et ultranationalistes dans plusieurs villes du Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer a annoncé un durcissement majeur de la politique d’asile. Ces mesures, présentées à Downing Street, s’inscrivent dans une volonté de réformer un système d’asile confronté à des défis croissants.
À compter du 1er septembre 2025, le Royaume-Uni suspend temporairement les nouvelles demandes de regroupement familial pour les réfugiés. Selon la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, cette décision poursuit deux objectifs principaux : réduire la pression sur les autorités locales, confrontées à un afflux record de demandes d’asile, et lutter contre les réseaux de passeurs accusés d’exploiter ce dispositif pour encourager des traversées dangereuses de la Manche. Entre juin 2024 et juin 2025, environ 21 000 visas de regroupement familial ont été accordés, principalement à des femmes et des enfants, tandis que le Royaume-Uni a enregistré un record de 111 000 demandes d’asile, dont 50 000 migrants arrivés par la Manche depuis l’entrée en fonction de Keir Starmer en juillet 2024, ce qui illustre l’ampleur du défi.
Dans ce contexte, 32 000 demandeurs d’asile sont actuellement hébergés dans des hôtels privés, une solution coûteuse et régulièrement critiquée. Pour y remédier, le gouvernement prévoit de fermer progressivement ces structures d’ici 2030 et de les remplacer par des solutions plus durables, permettant ainsi de rationaliser l’accueil et de mieux gérer les ressources publiques.
Pour renforcer cette politique, un traité signé avec la France en août 2025 vise à réguler les flux migratoires à travers la Manche. L’accord prévoit le retour en France des migrants arrivés au Royaume-Uni à bord de petites embarcations, tout en permettant l’accueil au Royaume-Uni d’un nombre équivalent de migrants basés en France, après des contrôles de sécurité rigoureux. Depuis début août, des migrants arrivant à Douvres ont été placés en détention dans le cadre de ce traité, et les premiers retours vers la France sont prévus pour septembre 2025, tandis que les demandes de migrants souhaitant rejoindre le Royaume-Uni depuis la France sont actuellement en cours d’examen. Cette coopération illustre la volonté du gouvernement de gérer les flux migratoires de manière coordonnée avec ses voisins européens.
Cependant, la suspension du regroupement familial a suscité de vives critiques, notamment de la part du Refugee Council, qui craint que cette mesure ne pousse davantage de réfugiés vers des voies migratoires irrégulières et ne les prive d’une des rares options légales pour réunir leurs familles. Enver Solomon, directeur de l’organisation, met en garde contre le risque accru de vulnérabilité face aux réseaux criminels, soulignant ainsi le dilemme entre contrôle migratoire et protection humanitaire.
Dans le cadre de cette réforme, le gouvernement entend également adopter une interprétation plus stricte de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, relatif au droit à la vie familiale, afin de limiter son application dans les décisions d’asile. Parallèlement, la réduction des recours contre les décisions de refus d’asile vise à accélérer le traitement des dossiers et à fluidifier le système, en assurant une procédure plus rapide et plus efficace pour les demandeurs.