Le fils et conseiller de l’ancienne Première ministre bangladaise Sheikh Hasina, Sajeeb Wazed, a averti dimanche que les partisans de l’Awami League, le parti de sa mère, bloqueraient les élections nationales prévues en février si l’interdiction frappant le parti n’était pas levée, laissant présager une possible escalade de violences.
Cette déclaration intervient à la veille du verdict très attendu d’un tribunal de Dhaka, dont la décision, retransmise à la télévision, devrait condamner Hasina, 78 ans, par contumace pour crimes contre l’humanité. Elle est jugée pour la répression sanglante des manifestations étudiantes de l’été 2024. Sheikh Hasina dénonce une procédure « politique » et qualifie le procès de « mascarade judiciaire ».
« Nous savons exactement quel sera le verdict. Il sera télévisé. Elle sera reconnue coupable et probablement condamnée à mort », a déclaré Wazed depuis Washington, D.C. « Que peuvent-ils faire à ma mère ? Elle est en sécurité en Inde. L’Inde lui assure une protection totale. »
Hasina vit en exil à New Delhi depuis août 2024, après avoir fui le Bangladesh à la suite de manifestations étudiantes massives qui mirent fin à ses 15 années de pouvoir. Selon un rapport des Nations unies, ces manifestations ont fait jusqu’à 1 400 morts, majoritairement parmi les manifestants. L’ancienne dirigeante conteste toute malversation et accuse ses juges de partialité.
Sajeeb Wazed a précisé que ses partisans ne permettraient pas la tenue des élections sans la participation de l’Awami League. « Nos manifestations vont prendre de l’ampleur et nous ferons tout ce qu’il faudra », a-t-il affirmé, mettant en garde contre de possibles violences si la communauté internationale restait inactive.
Le gouvernement intérimaire, dirigé par le lauréat du prix Nobel Muhammad Yunus, a suspendu l’enregistrement de l’Awami League et interdit ses activités politiques en mai, invoquant des menaces à la sécurité nationale et des enquêtes pour crimes de guerre visant certains dirigeants. Un porte-parole a qualifié les avertissements de Wazed d’« irresponsables et répréhensibles ».
La situation à Dacca s’est intensifiée ces derniers jours : plusieurs bombes artisanales ont explosé dans la capitale, des dizaines de bus ont été incendiés et plusieurs militants de l’Awami League ont été arrêtés pour sabotage présumé. Les écoles ont été fermées ou passées à l’enseignement en ligne, tandis que plus de 400 gardes-frontières ont été déployés et les rassemblements publics restreints.
Pour Michael Kugelman, analyste de l’Asie du Sud, Hasina reste « un sujet de controverse dans la politique bangladaise », et le fait qu’elle s’exprime depuis l’Inde peut déclencher des réactions violentes. Selon lui, la menace de son fils de bloquer les élections « montre presque ouvertement l’intention du parti d’utiliser la violence à l’approche du scrutin ».
Ces événements surviennent alors que le gouvernement Yunus prévoit d’organiser les élections et un référendum sur les réformes constitutionnelles en février 2026, malgré un bilan préoccupant en matière de droits humains et la recrudescence de violences, y compris des exécutions extrajudiciaires, recensées entre août 2024 et septembre 2025 par l’organisation Odhikar.


























