Guayaquil, 16 décembre 2025 – Au moins 15 détenus sont décédés au sein de la prison de Litoral, la plus dangereuse et surpeuplée d’Équateur, entre le jeudi 11 et le dimanche 14 décembre. Ces morts s’ajoutent à une série tragique qui porte à plus de 590 le nombre de décès dans cet établissement rien que pour l’année 2025, selon le Comité permanent pour la défense des droits humains (CDH) de Guayaquil et d’autres ONG.
Les corps ne présentaient aucun signe de violence, et les causes exactes restent à confirmer par les autopsies, a indiqué le Service national d’attention intégrale aux personnes privées de liberté (SNAI). Cependant, ces décès surviennent dans un contexte d’épidémie de tuberculose aggravée par le surpeuplement extrême, la malnutrition chronique et un accès insuffisant aux soins médicaux.
Conçue pour accueillir entre 4 000 et 5 000 personnes, la prison héberge actuellement plus de 7 000 détenus, créant un environnement propice à la propagation rapide de maladies contagieuses comme la tuberculose, particulièrement virulente dans des espaces confinés et mal ventilés. En novembre, 10 décès ont été officiellement liés à cette maladie, et début décembre, au moins 12 autres cas présentaient des symptômes compatibles.
Les familles des détenus et les ONG dénoncent des scènes d’horreur : des corps restant plusieurs jours dans les cellules aux côtés des vivants, recouverts d’une simple couverture en raison de retards dans l’évacuation. Des témoignages et photos diffusés sur les réseaux sociaux montrent des prisonniers dans un état cadavérique, avec des signes évidents de détérioration physique.
Malgré les affirmations du SNAI selon lesquelles les autopsies clarifieront les causes, les proches et les organisations accusent les autorités de minimiser l’ampleur de l’épidémie. Les services médicaux sont saturés, avec un manque critique de médicaments, de tests diagnostiques et de personnel qualifié. Ces décès, qualifiés de « silencieux », contrastent avec les émeutes violentes qui ont marqué les années précédentes.
Depuis la déclaration d’un « conflit armé interne » en 2024 par le président Daniel Noboa pour lutter contre les gangs liés au narcotrafic, les prisons équatoriennes sont placées sous contrôle militaire renforcé. Pourtant, cette militarisation n’a pas résolu les problèmes structurels : surpopulation, corruption et négligence sanitaire persistent, faisant de la prison de Litoral l’épicentre d’une double crise – violence et épidémies.
Un juge de Guayaquil a récemment ordonné la création d’une table d’urgence sanitaire, mais les mesures concrètes se font toujours attendre. Ces 15 décès ne sont pas isolés : ils illustrent une tragédie humanitaire en cours. Les appels pressants réclament des dépistages massifs, des traitements adéquats et un désengorgement des prisons. Sans action immédiate, la liste des victimes continuera de s’allonger.

























