Le religieux chiite Ammar al-Hakim, chef du Mouvement de la sagesse nationale, a proposé une initiative visant à mettre fin à la crise survenue en Irak à la suite des élections législatives
En particulier, , à l’occasion du Forum pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient, tenu à Dohouk, au Kurdistan irakien, le leader chiite a proposé une « initiative politique » qui rassemble les gagnants et les perdants, c’est-à-dire à la fois les les partis qui acceptent les résultats des élections du mois dernier et ceux qui s’y opposent. Ces partis, selon la vision de Hakim, devraient s’engager dans un dialogue national indépendant, visant également à choisir les futurs premiers ministres et ministres, loin de toute forme d’ingérence étrangère, afin de rétablir l’équilibre politique et parvenir à un accord national global qui respecte les prémisses .et les résultats du processus électoral, sur la base de points et d’heures clairs. Ce faisant, les parties impliquées dans les négociations devraient faire preuve de « souplesse » et respecter les options proposées par ceux qui souhaitent participer ou s’opposer aux futurs organes législatifs et exécutifs ainsi que « s’engager dans des mécanismes juridiques et pacifiques d’objection et de négociation ». « Cet accord nécessite des sacrifices de toutes parts, sans porter atteinte aux droits des vainqueurs et sans passer outre les exigences des adversaires », a ajouté Hakim.
Le discours du clergé chiite est intervenu à un moment où les dirigeants pro-iraniens continuent de contester bruyamment les résultats des élections du 10 octobre, qui ont porté un coup sévère à certains partis soutenus par Téhéran. Surtout, la victoire du clergé chiite Muqtada al-Sadr, chef de la coalition Sairoon, est contestée. Concrètement, celui-ci a obtenu 72 sièges, sur un total de 329, suivi par la coalition sunnite « Taqaddum », dirigée par le président du parlement irakien sortant, Mohamed al-Halbousi, qui a obtenu 37 sièges. Quant au Fatah, coalition dirigée par Hadi al-Amiri, chef de l’organisation Badr, affilié aux Forces de mobilisation populaire, il a remporté 17 sièges, ce qui représente une forte baisse par rapport aux élections du 12 mai 2018,.
Face à ces résultats, encore non confirmés, les groupes pro-iraniens actifs en Irak, dont les Forces de mobilisation populaire, ont organisé depuis le 16 octobre des manifestations et des sit-in, réunis dans le « Cadre de coordination des forces chiites », formé par ceux qui dénoncer ce qui a été défini comme une « falsification (des votes) par des mains étrangères ». Le « cadre » susmentionné comprend également la coalition Al-Fatah, la coalition pour l’état de droit, dirigée par Nouri al-Maliki, la coalition Nasr de Haider al-Abadi et le Mouvement de la sagesse nationale, dirigé par Ammar al-Hakim.
C’est en tout cas al-Hakim qui a été le premier à avancer une proposition pour sortir de l’impasse, conscient des souffrances vécues par la population en raison de « tensions, instabilité interne, peur de l’avenir et insatisfaction des solutions aux crises », a déclaré le dirigeant.
Le dialogue proposé entre gagnants et perdants a rencontré des réactions différentes. Certains politiciens irakiens, dont un candidat indépendant, Basem Khashan, estiment que l’initiative, bien qu’elle puisse favoriser une solution, risque de compromettre la constitution et les lois irakiennes. Pour un membre de la coalition pour l’état de droit, ce n’est pourtant qu’une des propositions à présenter à la table de discussion. D’autres, dont l’opinion a été rapportée par al-Araby al-Jadeed, pensent que Hakim essaie de ne pas faire annuler les résultats des élections et, en même temps, de rejeter un éventuel gouvernement majoritaire. En tout cas, le plus gros obstacle semble être Muqtada al-Sadr, qui, sur la base de l’initiative de Hakim, devrait accepter un dialogue avec les forces opposées et éventuellement accepter un gouvernement qui ne le considère plus comme une force prépondérante.