Le mausolée de Hafez al-Assad, un symbole emblématique du règne oppressif de la famille Assad sur la Syrie, a été ravagé par les flammes le mercredi dernier à Qardaha, bastion familial situé dans la province de Lattaquié. Ce lieu, qui abritait également les tombes d’autres membres de la dynastie Assad, a été réduit en cendres, symbolisant qu’une nouvelle page s’ouvre pour la Syrie.
Cet acte de vandalisme n’est pas simplement un outrage contre un monument, mais un rejet catégorique de l’héritage tyrannique instauré par Hafez al-Assad, un régime autoritaire qui a régné d’une poigne de fer pendant près de trente ans avant de passer le relais à son fils, le dictateur Bachar al-Assad, en 2000. Ce dernier a emprisonné et fait exécuter des milliers de Syriens, notamment dans la prison de Saydnaya, surnommée « l’abattoir humain » par Amnesty International.
Dimanche, la coalition de rebelles islamistes a libéré les détenus de Saydnaya, mais malgré l’ouverture apparente de toutes les cellules, les opérations de sauvetage se sont poursuivies jusqu’à mardi. La cause : une rumeur persistante selon laquelle plus de 100 000 prisonniers, localisés dans des cachots souterrains visibles sur des caméras de vidéosurveillance, restaient inaccessibles.
En parallèle, des déclarations enflammées sont venues de l’Iran, qui accuse les États-Unis, Israël et la Turquie de conspirer pour renverser le régime syrien. Ces accusations reflètent l’intensité des tensions géopolitiques autour de ce conflit.
Le secrétaire d’État américain sortant Antony Blinken se rendra vendredi prochain dans la ville d’Ankara pour rencontrer le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, a rapporté mercredi un responsable turc. L’agence Reuters a rapporté que les deux hommes devraient discuter de la situation en Syrie.
L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de l’Iran, a imputé la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie aux États-Unis et à Israël, selon des déclarations rapportées par l’agence de presse iranienne Tasnim.
« Il ne fait aucun doute que ce qui s’est passé en Syrie est le produit d’un plan commun entre Américains et sionistes », a déclaré Khamenei, soulignant la participation des deux pays à ce qu’il a appelé un complot contre Damas. Dans ses déclarations, le dirigeant iranien a également fait allusion à l’implication de la Turquie, qu’il a qualifiée d’acteur évident dans les événements.
« Le gouvernement syrien voisin joue, a joué et continue de jouer un rôle évident à cet égard ; « Tout le monde le voit », a-t-il déclaré. Selon Khamenei, « les cerveaux derrière la conspiration et le centre de commandement se trouvent en Amérique et dans le régime sioniste ».
« Nous avons des preuves. Ces preuves ne laissent aucun doute », a déclaré le guide suprême, renforçant sa position selon laquelle les événements en Syrie font partie d’un plan délibéré conçu par les puissances susmentionnées.
Les États-Unis excluent la réouverture de leur ambassade en Syrie tant qu’un gouvernement légitime et transparent ne sera pas garanti. « Ce n’est pas quelque chose qui va se produire du jour au lendemain. Cela doit être un processus qui se déroulera dans les semaines à venir », a souligné le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller.
L’ONU appelle à placer la protection de l’enfance « au centre » de la transition en Syrie. La Représentante spéciale des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, a exhorté à ce que la protection de l’enfance soit l’axe central de la transition et de la reconstruction de la Syrie après la chute du régime de Bachar Al Assad.
« La Syrie est à la croisée des chemins et son avenir est incertain. Tous les acteurs doivent donc saisir l’opportunité de construire un avenir stable et pacifique. Les enfants doivent être au centre de la transition et de la reconstruction du pays », a déclaré Gamba.
Gamba a souligné qu’après 14 ans de conflit, les enfants ont vu leur enfance dévastée et auront besoin d’un soutien à long terme portant à la fois sur la santé physique et mentale, la réintégration psychosociale, l’accès à l’éducation et le déminage.
Par ailleurs, il a exhorté toutes les parties au conflit, notamment le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à libérer les enfants recrutés et à cesser leur utilisation dans les combats.
Dans un appel conjoint avec le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, Gamba a appelé au calme et au respect du droit international en ce moment critique. « Donner la priorité aux droits et aux besoins des enfants est essentiel pour parvenir à une paix et une stabilité durables, aujourd’hui et à l’avenir », a-t-il déclaré.
Le ministre libanais de l’Intérieur par intérim, Bassam Mawlawi, a démenti mardi que d’anciens responsables du régime syrien récemment renversé de Bachar Al Assad soient entrés sur le territoire libanais.
« Les rumeurs publiées ne doivent pas être prises en compte. Les informations que nous avons obtenues de la Sûreté générale indiquent qu’il n’y a aucun responsable de la sécurité de l’ancien régime syrien au Liban », a déclaré Mawlawi lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion du Conseil central de sécurité.
Le ministre a souligné que tout citoyen syrien faisant l’objet de poursuites judiciaires n’a pas le droit d’entrer dans le pays et sera arrêté s’il est détecté. « Les agences de sécurité sont pleinement conscientes de l’application de la loi », a-t-il assuré, tout en reconnaissant la possibilité que des proches de personnes recherchées par la justice puissent se trouver au Liban s’ils ne font pas l’objet de mesures judiciaires.
Mawlawi a également souligné que la situation frontalière est sous contrôle et a exclu des « mouvements inquiétants » vers le Liban. Il a ajouté que les forces de sécurité et l’armée sont vigilantes pour protéger le pays de toute menace. « Les organisations assurent la sécurité du Liban et des Libanais », a-t-il conclu.