Le 12 janvier 2025, le président libanais Joseph Aoun a désigné le juge international Nawaf Salam comme Premier ministre. Âgé de 71 ans, ce diplomate chevronné et ancien président de la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye devient la figure centrale d’un pays qui traverse une période de graves turbulences politiques, économiques et sociales. Sa nomination marque un tournant dans le paysage politique libanais, dominé depuis des décennies par des élites traditionnelles.
M. Salam a été choisi par 84 des 128 députés libanais, contre seulement neuf voix pour son concurrent, Najib Mikati, le Premier ministre intérimaire. Le reste des parlementaires, dont ceux affiliés au Hezbollah, n’ont soutenu aucun candidat. Cette division reflète les tensions qui continuent de peser sur la scène politique libanaise, alors que le pays tente de se relever après des années de crise institutionnelle.
Les forces opposées au Hezbollah ont soutenu Nawaf Salam, considéré comme un juriste intègre et un fervent défenseur de l’État de droit. Son parcours en tant qu’ambassadeur du Liban aux Nations unies et président de la CIJ le place en dehors de la sphère politique traditionnelle, souvent critiquée pour son clientélisme et sa corruption.
Élu président le 9 janvier 2025, après une vacance de plus de deux ans à la tête de l’État, Joseph Aoun a promis une « nouvelle ère » pour le Liban. Cette élection, soutenue par les États-Unis et l’Arabie saoudite, a ouvert la voie à une tentative de redressement national, notamment en désignant un Premier ministre perçu comme réformiste.
Le député Gebran Bassil, qui dirige le Bloc du Courant patriotique libre, a salué la nomination de M. Salam comme un pas vers les réformes. À l’inverse, le journal Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a décrit cette décision comme un « coup d’État orchestré par les États-Unis ».
Le nouveau Premier ministre devra affronter des obstacles majeurs. Il devra notamment :Mettre en œuvre des réformes économiques nécessaires pour débloquer l’aide des donateurs internationaux.
Reconstruire le pays, en particulier après la guerre de plus d’un an entre Israël et le Hezbollah, qui a causé des destructions massives. Et Appliquer l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre, prévoyant le retrait du Hezbollah de la zone frontalière avec Israël.
Malgré les profondes divisions, certains acteurs politiques tendent la main au Hezbollah pour collaborer. George Adwan, député des Forces libanaises, a déclaré que « l’ère des armes est révolue pour toujours », tout en appelant à unir les forces pour reconstruire le pays.
Pour beaucoup, la nomination de Nawaf Salam incarne une opportunité de tourner la page de décennies de mauvaise gouvernance. Toutefois, les tensions régionales, les intérêts des puissances étrangères et les déséquilibres internes rendent l’avenir incertain. Sa capacité à instaurer des réformes et à maintenir une stabilité durable sera cruciale pour redéfinir le Liban.