Tunis, 9 juillet 2025 – Un nouveau verdict vient marquer la scène politique tunisienne. Le chef du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, a été condamné mardi à 14 ans de prison dans le cadre de l’affaire dite du « complot 2 ». Au total, des peines allant de 12 à 35 ans ont été prononcées contre une vingtaine de personnes, accusées de menacer la sûreté de l’État.
Le procès, suivi de près en Tunisie comme à l’étranger, a vu plusieurs personnalités politiques mises en cause. Nadia Akacha, ancienne directrice de cabinet du président Kaïs Saïed, et Rafik Abdessalem, ex-ministre des Affaires étrangères et gendre de Ghannouchi, ont été condamnés par contumace à 35 ans de prison. Tous deux se trouvent à l’étranger.
Les chefs d’accusation portent notamment sur la création d’un « appareil sécuritaire parallèle » au service du parti Ennahda, formation politique qui a dominé la scène post-révolutionnaire après 2011. Les accusés sont poursuivis pour « complot contre la sûreté intérieure de l’État » et « entente en lien avec des crimes terroristes », selon les éléments retenus par le tribunal.
Rached Ghannouchi, ancien président du Parlement dissous, avait déjà été condamné en février à 22 ans de prison dans une autre affaire similaire. Il avait choisi de boycotter les audiences de ce nouveau procès, qualifié par ses soutiens de procès politique.
Depuis les mesures exceptionnelles annoncées par le président Kaïs Saïed en juillet 2021 – qualifiées de coup d’État par ses opposants – le paysage politique tunisien a profondément changé. La concentration du pouvoir entre les mains du chef de l’État, la révision de la Constitution et la mise en cause d’anciens responsables ont suscité l’inquiétude de nombreuses organisations.
Dans d’autres procédures similaires, des opposants ont récemment été condamnés à des peines très longues, parfois supérieures à 60 ans. Des ONG tunisiennes et internationales pointent un recul des libertés publiques et un usage étendu des lois sur la sécurité ou la lutte contre les « fausses informations », souvent invoquées contre des journalistes, avocats ou activistes.
Le gouvernement affirme pour sa part agir dans le respect de la loi pour garantir la stabilité du pays et lutter contre ce qu’il considère comme des menaces à l’ordre public.