Le sommet arabo-islamique extraordinaire de Doha s’est conclu lundi 15 septembre par une déclaration solennelle condamnant l’« agression » israélienne contre le Qatar et appelant à une révision urgente des relations diplomatiques et économiques avec l’État hébreu.
La semaine dernière, le 9 septembre, Israël a mené une attaque inédite sur la capitale qatarie, ciblant une délégation du Hamas engagée dans des négociations de cessez-le-feu à Gaza. Cette frappe, qualifiée de violation flagrante de la souveraineté du Qatar, a coûté la vie à cinq membres du Hamas et à un membre des forces de sécurité qataries, provoquant une vague de condamnations internationales, y compris de la part des monarchies du Golfe et d’une rare réprobation des États-Unis.
En réaction à cet assaut, le président américain Donald Trump a assuré ce lundi soir que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu « ne frappera plus le Qatar ». Depuis le Bureau ovale, Trump a précisé que Netanyahu avait refusé d’exclure de nouvelles frappes lors d’une rencontre avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio à Jérusalem, ce qui avait conduit Washington à intervenir directement. Déjà dimanche, Trump avait mis en garde Israël : « Le Qatar est un très bon allié. Israël et tous les autres, il faut faire attention. Quand on attaque des gens, il faut faire attention », avait-il déclaré, se disant « très mécontent » de l’assaut israélien contre la plus importante base américaine de la région et le bureau politique du Hamas.
Lors de l’ouverture du sommet, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a dénoncé la volonté israélienne de « faire échouer les négociations », tandis que le président iranien Massoud Pezeshkian a appelé les pays arabes et musulmans à « s’unir » face à cette menace, rappelant que demain « cela pourrait être le tour de n’importe quelle capitale arabe ou islamique ». Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, premier État arabe à avoir reconnu Israël, a averti que cette attaque « érige des obstacles devant toute perspective de nouveaux accords de paix et compromet même les accords existants ».
Les dirigeants arabes et islamiques ont exprimé une solidarité « pleine et indéfectible » avec le Qatar et accusé Israël de vouloir torpiller les efforts de médiation, notamment autour d’un cessez-le-feu à Gaza. Ils ont réaffirmé leur soutien à la cause palestinienne et dénoncé des politiques israéliennes responsables d’une « catastrophe humanitaire sans précédent ». La déclaration rejette tout déplacement forcé ou annexion de territoires palestiniens, réitère l’attachement à la solution à deux États et demande des mécanismes internationaux pour mettre fin à « l’impunité » d’Israël.
En marge du sommet, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a appelé à une réunion militaire d’urgence pour évaluer la posture collective de défense et activer les mécanismes de protection régionale face aux menaces israéliennes. Jassem Al-Budaiwi, secrétaire général du CCG, a souligné : « Nous attendons des États-Unis, notre partenaire stratégique, qu’ils usent de leur influence sur Israël afin que ce pays mette fin à de tels agissements. »