Tripoli, 29 octobre 2025 – Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé avoir reçu un ordre officiel du ministère libyen des Affaires étrangères de quitter le pays avant le 9 novembre, sans qu’aucune justification ne lui soit fournie. Cette décision met gravement en péril l’accès aux soins pour des milliers de personnes vulnérables, réfugiés et migrants inclus.
Présente en Libye depuis 2011, MSF avait déjà été contrainte de suspendre ses activités en mars 2025, après la fermeture de ses locaux par l’Agence de sécurité intérieure (ASI) et l’interrogatoire de plusieurs de ses employés. Neuf autres organisations humanitaires avaient également été touchées par cette vague de répression dans l’ouest du pays.
« Nous regrettons profondément cette décision du ministère des Affaires étrangères et nous sommes préoccupés par ses conséquences sur la santé des personnes que nous aidons », déclare Steve Purbrick, chef de programmes pour MSF en Libye. « MSF joue un rôle essentiel dans le diagnostic et le traitement de la tuberculose, dans le soutien au système de santé libyen, mais aussi pour garantir l’accès aux soins aux réfugiés et migrants, souvent exclus des soins et victimes de détentions arbitraires et de violences graves. »
En 2024, MSF a réalisé plus de 15 000 consultations médicales, 3 000 consultations en santé mentale et 2 000 prises en charge pour la tuberculose, en collaboration avec les autorités sanitaires libyennes. L’organisation a également mis en place un couloir humanitaire vers l’Italie pour évacuer les patients étrangers les plus vulnérables : 76 personnes ont déjà été aidées, et 63 autres devaient en bénéficier d’ici la fin de l’année. En 2023, MSF avait également fourni une aide médicale d’urgence suite aux inondations qui avaient frappé Derna.
Aujourd’hui, l’ouest de la Libye se retrouve sans aucune ONG internationale capable d’apporter des soins médicaux aux migrants et réfugiés. Cette situation est aggravée par les restrictions croissantes sur l’intervention des ONG, la chute drastique des financements internationaux et le renforcement des politiques européennes de contrôle migratoire, appliquées en coordination avec les autorités libyennes.
« Aucune explication ne nous a été donnée pour justifier notre expulsion et la procédure reste floue. Notre enregistrement officiel auprès des autorités compétentes demeure valide, et nous espérons toujours pouvoir trouver une solution positive à cette situation », conclut Steve Purbrick.
La Libye reste politiquement fragmentée, entre le gouvernement reconnu par l’ONU à Tripoli et une administration rivale dans l’est. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays connaît des conflits persistants et une instabilité chronique, aggravant les crises humanitaires et l’exclusion des populations vulnérables des soins médicaux.
Fondée en 1971, MSF emploie aujourd’hui plus de 67 000 personnes dans plus de 70 pays et continue de plaider pour la protection des équipes médicales et l’accès universel aux soins, indépendamment des considérations politiques.

























